Depuis que l'Etat Islamique a envahi une bonne partie du Moyen-Orient, les femmes yézidies sont devenues leur cible de prédilection. Contrairement aux chrétiens et aux juifs, qui ont pu dans un premier temps, payer une taxe pour éviter d'être capturés, les yézidis, eux, ne sont pas considérés comme des "gens du livre". Vus comme des polythéistes par les membres de l'Etat Islamique, ces derniers sont traqués, capturés, convertis, brutalisés et abattus. Mais ce qui arrive aux femmes et aux enfants est encore plus ignoble. Réduits en esclavage et quotidiennement violés, ils sont généralement regroupés dans les grandes villes de Mossoul et de Raqqa, puis vendus aux combattants terroristes.
Alors que la coalition internationale peine à se mettre en marche pour se débarrasser des djihadistes de Daesch, des femmes kurdes originaires de Turquie ont décidé d'agir par elles-mêmes. L'une d'entre elles, Roza 22 ans, a raconté au DailyMail :
"Quand nous avons appris que l'Etat islamique venait jusqu'au mont Sinjar (non loin de la Turquie) et s'en prenait aux femmes, nous sommes venues pour stopper cette crise humanitaire."
Témoins de la rafle dont sont victimes les femmes yézidies, Roza, Raparin et Deijly n'ont pas hésité à rejoindre le front. Pour lutter à armes égales aux côtés des hommes du PKK (Parti travailliste kurde), les trois combattantes se sont mises au maniement de la kalachnikov et des grenades. Vêtues de l'habituelle tenue camouflage, elles sont devenues la bête noire des terroristes de l'Etat islamique comme l'explique Roza : " Quand ils savent que des femmes sont parmi les combattants, ils s'enfuient en courant."
Selon la croyance radicale des extrémistes de l'Etat islamique, se faire tuer par une femme les mènerait directement en enfer et les priverait des 72 vierges promises au paradis...
Un délire dont la commandante Deijly n'hésite pas à se moquer : "J'ai tué énormément de terroristes, mais je suis certaines qu'aucun d'entre eux n'ira jamais au paradis."
Sur place, elles constatent bien vite que ses membres hésitent souvent à mener une attaque contre les forces du PKK : " Tout le monde s'inquiète à propos de l'Etat islamique. Mais ils ne sont pas aussi forts que ça et ils ne pourront pas éternellement lutter contre le PKK", espère Raparin.
Arrivées dans la zone au début du mois d'août, ces femmes combattantes assurent avoir tué de nombreux djihadistes : " Parfois nous pouvons en abattre 10 par jour et quand nous les capturons, il n'est pas rare qu'ils soient drogués", affirme Deijly.
Devenues le symbole de la lutte contre l'Etat islamique dans la région ces dernières semaines, ces trois femmes n'en demeurent pas moins des bêtes noires pour le président turc Recep Tayyip Erdogan. "Il n'a jamais voulu conclure d'accord avec nous. Les autres pays le supporte et pensent que le PKK est un groupe terroriste."
Une situation diplomatique délicate, qui empêche ces combattantes de recevoir du soutien de la part de la coalition internationale. Mais rien ne les fera abandonner leur mission. D'abord venues se battre contre l'Etat islamique, elles permettraient aujourd'hui à des centaines de yézidis de fuir la région en toute sûreté, grâce à un couloir humanitaire improvisé :
"Nous ne faisons qu'un avec les yézidis et nous résisterons à l'Etat Islamique, pour prendre notre revanche contre ce qu'ils ont fait subir à ces femmes."
Combattants et réfugiés seraient désormais près de 40 000 à survivre dans ces montagnes du nord de l'Irak, selon les informations du Daily Mail .