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Sexe : les Français font de moins en moins l'amour... mais faut-il vraiment s'inquiéter ?

Publié le Mardi 06 Février 2024
Clément Arbrun
Par Clément Arbrun Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
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La "sex recession" : les Français font-ils moins l'amour ? C'est là la grande question d'une toute nouvelle étude Ifop... Qui répond par l'affirmative. Plus encore : la fréquence des rapports à deux n'a jamais été aussi faible en cinquante ans !
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Le sexe, c'est démodé ? On s'interroge face aux toutes dernières données de l'observatoire LELO et de l'enquête Ifop spécialement dédiées à la sexualité des Français(es). 2000 sondés pour témoigner d'un phénomène détaillé, à explorer ici : la récession sexuelle. Oui oui. En gros, nous faisons moins l'amour qu'avant. Plus encore : la fréquence des rapports à deux n'a jamais été aussi faible dans l'Hexagone en cinquante ans !

C'est à dire ? Que la proportion de Français(es) ayant eu un rapport au cours des 12 derniers mois n'atteint que 76% en moyenne. C'est 15 points de moins qu'en 2006. Et le phénomène est générationnel : plus d'un quart des jeunes de 18 à 24 ans affirment n'avoir pas eu un seul rapport en un an.

C'est cinq fois plus qu'en 2006.

Tous ces chiffres impressionnent. Mais il faut les comprendre. Car ils ont beaucoup à nous raconter. Comment expliquer cette récession sexuelle ? De bien des manières en vérité. Et pas forcément les plus inquiétantes.

Entre révolutions amoureuses et routine

Pourquoi les Français font-ils de moins en moins crac crac ? On pense d'abord à une forme de routine. Par exemple, la moitié des hommes sondés de moins de 35 ans vivant en couple expliquent avoir déjà évité un rapport sexuel "pour regarder un série/films à la télévision". Pour "Netflix & chill", comme on dit !

Ou alors, pour privilégier la manette : 53% des hommes de moins de 35 ans vivant en couple ont effectivement déjà préféré jouer aux jeux vidéo que s'adonner à cette gymnastique intime. "Au regard des résultats, le "temps sexuel" apparaît ainsi très nettement concurrencé par le temps passé sur des écrans qui offrent non seulement un moyen de combler ses besoins de sociabilité (réseaux sociaux) et/ou de sexualité (porno en ligne) mais aussi qui tend à cannibaliser le temps passé à deux", déplore à ce sujet le directeur Francois Kraus.

Mais ce n'est pas tout. "La place qu'occupe aujourd'hui le sexe dans la vie des femmes est beaucoup moins grande qu'il y a une trentaine d'années", observe le rapport. Pourquoi ? Car, et c'est une bonne chose, les Françaises acceptent beaucoup moins "de se forcer à faire l'amour" : 52% des femmes âgées de 18 à 49 ans déclarent qu'il leur arrive de faire l'amour "sans en avoir envie".

En 1981, elles étaient 76 % !

Les temps changent et avec eux, cette notion à balayer une bonne fois pour toutes de "devoir conjugal". Dans une société post-MeToo où la notion de consentement n'a jamais été aussi médiatisée, cela se ressent aussi au lit. C'est normal : l'intime est politique. D'ailleurs, seules 62% des Françaises sondées affirment accorder "de l'importance à la sexualité dans leur vie".

En 1996, elles étaient 82% !

Et cela nous promène vers un autre point : les nouvelles sexualités, et la "révolution amoureuse". Un nouveau rapport à l'autre et à soi se fait entendre aujourd'hui. A travers l'asexualité par exemple : l'absence d'attirance sexuelle envers autrui. 12% des Français, dont une majorité de femmes, en témoignent.

Les relation s'avèrent tout aussi épanouissantes, pour toute une part des sondées, lorsqu'elles demeurent platoniques. Plus de la moitié des femmes adultes (54%, contre 42% des hommes) déclarent ainsi qu'elles pourraient continuer à vivre avec quelqu'un dans une relation dépourvue de tous rapports !

L'étude l'énonce positivement : "Après des années d'hypersexualisation de la société, les décennies 2010/2020 marquent bien l'amorce d'un nouveau cycle où la contrainte à avoir une vie sexuelle pour faire " plaisir " ou " comme tout le monde " se fait moins forte".

Alors au lieu de susciter une panique morale, ou un discours "anti woke" plébiscité par certains plateaux, l'étude de l'Ifop nous invite à l'inverse à prendre le pouls d'une société qui évolue. Et quand évolution il y a, c'est encore du côté du lit qu'elle s'observe. Auprès d'un désir renouvelé ? Peut être bien.