"Marion, Marion !"
Hier soir, le tapis rouge de Cannes ne bruissait que des cris hystériques des photographes lorsque s'est avancée sur le tapis rouge notre joyau national, la môme Cotillard. Vêtue d'une robe blanche très stylée et de chaussures bicolores des plus originales, la belle oscarisée, héroïne de "Deux jours, une nuit", le film des frères Dardenne, monopolisait tous les flashes et regards.
Plus loin, tapie dans l'ombre, une jeune anonyme préparait son coup. La compagne d'Aurélien Wiik, inconnue des radars pourtant larges du show-business, voulait elle aussi son quart d'heure wharolien. Pour cela, elle avait revêtu un long bout d'étoffe peinant à faire le tour de son corps quasi nu. Difficilement maintenue par une ceinture tel un peignoir d'hôtel taille standard qu'aurait cherché à enfiler Gérard Depardieu, la robe s'est opportunément ouverte au passage de la belle et de son fiancé d'acteur (lui-même peut-être pas contre un petit coup de projecteur), laissant alors entrevoir une culotte.
Bingo ! Ce matin, les clichés de "la compagne d'Aurélien Wiik", ses seins, sa robe et sa culotte chair talonnaient de près ceux de Marion Cotillard dans les diaporamas consacrés à la montée des marches du Dardenne. La belle inconnue avait quasiment éclipsé la candidate au prix d'interprétation. Et tout ça pour un sous-vêtement.
Quelques jours plus tôt, Ayem et Nabilla, les pros du naked-business, avaient elles aussi fait péter le néné qui fout le camp et le string qui fait coucou aux photographes, enterrant médiatiquement les élégantes montées des belles du 7e art. Quant à Frédérique Bel, pourtant à l'affiche de "Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu", le gros succès commercial de l'année (déjà plus de 5 millions de spectateurs), elle a aussi, depuis bien longtemps, opté pour le red carpet en mode exhib-starlette.
Les règles ? Elles sont simples et consistent en un concept fil directeur : le too-much. Seins offerts plutôt que suggérés, cuisse de sortie jusqu'à la fameuse culotte montrée ou même inopinément oubliée, french manucure déposée sur lèvres tendues en direction des photographes, cambrure excessive, cheveux over-crêpés et, last but not least, selfie sur tapis pour rapporter à mamie.
Est-ce à dire que le 7e art et le glamour du Festival ont laissé la place au sexy-buzz et que pour marquer son territoire à Cannes il faut en montrer plus encore que sa voisine d'escaliers ? Pas forcément. Car qui retiendra ces attributs ostensiblement étalés une fois la Quinzaine passée ? Le sein de Sophie Marceau élégamment dévoilé par une jolie bourrasque, comme le fut le fessier de Béatrice Rosen il y a quelques jours par un vent malin resteront, eux, de ces moments de légende qui marquent les mémoires de festivaliers.
Le buzz du boob, s'il fonctionne, est tactique et éphémère. Le sein innocent reste, le programmé s'oublie, comme celles qui, le temps d'une soirée, auront tenté de faire oublier qu'elles n'étaient là que pour assister à la projection d'un film dans lequel elles ne jouent pas lequel, lui, restera.
Vive Cannes, vive le cinéma !
Crédits photos de l'illustration : DAVID SILPA/NEWSCOM/SIPA - HBE/HSS/WENN.COM/SIPA - ven Hoogerhuis/All Access/Sipa USA