Jacques Gamblin : En effet, c’est la raison principale, j’aime bien changer de boutique. J’ai aussi aimé le scénario, cette relation forte entre les deux personnages qui se cherchent, se trouvent, s’affrontent. J’avais vraiment envie de faire un film de genre avec une intrigue, et quelque chose qui rebondit. J’ai fait pas mal de films chroniques, de morceaux de vie, et là j’avais envie d’autre chose. C’est un film particulier, plus proche du polar psychologique que du film d’action, l’action sert en fait à relancer leur histoire à eux deux, et n’est pas une fin en soi.
J. G. : C'est le fait qu'il n'ait plus rien à vendre, c'est quelqu'un, au-delà de son drame personnel, qui a une nature entière, indomptable, dans cette institution de la police, il ne peut plus rester raisonnable ; c’est un instinctif, un animal. J’aimais ce côté très abîmé du personnage, et son humour cynique. Il est seul, traîne son chien comme un boulet mais au fond, il l’aime bien, parce que c’est l’ombre de sa femme qui n’est plus là. Je sentais qu’il y avait de la folie et une part d’excès à ne pas manquer dans ce personnage, le côté sombre, voire dépressif, qui se libère par moments avec une violence inouïe.
J. G. : Non et c’était un bonheur, on se posait les mêmes questions, on avait les mêmes envies. Une envie de déplacer un peu les caractères, de voir autre chose.
J. G. : Oui, cette relation d'homme à homme, le face à face, et la découverte de ce que cache une personnalité, c’était très excitant. Le personnage de Lambert, aveugle, constituait un défi à relever pour rendre crédible le scénario. Il y a aussi une dimension politique qui est fascinante dans l’histoire. J’aime ce flic qui se révolte contre des instances qui le dépassent, quitte à perdre son boulot, c’est plus fort que lui. Il est habité par un sens de la justice très fort. C’est beau quand un personnage ne peut plus faire marche arrière et n’est plus dans la capacité d’hésiter, sa tête ne répond plus, ce sont les jambes qui prennent le relais.
J. G. : Quand je lis un scénario, c'est très physique, j'aime qu'une chose résonne. Qu'il y ait une forme et du fond, et un mélange des genres. Quand je lis un scénario je suis au spectacle. Je dois voir le film, avoir envie d’aller le voir, voir le personnage bouger. J’ai eu la chance de faire quelques films singuliers, qui sortent un peu du créneau, comme « Le premier jour du reste de ta vie », ou « Le nom des gens », au théâtre aussi je fais pas mal de choses inclassables, je crois que c’est dans ma nature.
J. G. : En fait j’ai un système qui fonctionne plutôt bien, je fais beaucoup de théâtre l’hiver, parce qu’il y a moins de tournages. Si un film arrive et qu’il peut attendre le printemps, ça s'organise… Ça me laisse sept ou huit mois pour faire des films. Depuis quelques années, je suis embarqué dans un travail de création, j’en suis au cinquième spectacle, cela demande beaucoup d’investissement, mais j’aime écrire et inventer des histoires. La différence avec le cinéma, c’est le côté « petite entreprise » d’une troupe de théâtre, j’aime avoir cette vue d’ensemble, de la première ligne jusqu’aux répétitions et aux tournées. J'aime aller me balader avec ces histoires et une équipe, c’est un monde familier, qui prend beaucoup de temps, d’énergie, et de sueur, mais on invente, on tente des choses. Je ne dis pas que je ne ferai plus de théâtre de répertoire, mais je suis attaché au plaisir de créer un spectacle à partir de rien, et de les montrer 100 ou 150 fois en province.
Extrait :
Bande-annonce :
Crédit photo : Jessica Forde © 2011 EuropaCorp – France 2 Cinema
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