June Newton : Helmut a le mérite d’avoir cassé les tabous. Il a pénétré un territoire vierge jusqu’alors et les photographes de l’époque l’ont suivi. Aujourd’hui encore, de nombreuses photographies sont inspirées de son travail, on en voit partout. Lui faisait ce qu’il voulait sans jamais faire attention aux conséquences ou à ce que l’on pourrait en dire, il ne s’autorisait aucune barrière. La seule chose qui lui importait vraiment était que l’orthographe de son nom soit correcte.
J. N. : Il était très rapide. Lorsqu’il arrivait sur une séance photo, il savait exactement ce qu’il voulait obtenir du modèle, ce qu’il voulait faire. Les séances ne s’éternisaient jamais, pour le plus grand bonheur de ses clients qui n’avaient pas besoin de payer de rallonge. Ils l’adoraient pour ça. Il commençait et terminait toujours à l’heure prévue, tout en veillant à rester très souple. Il savait très bien s’adapter aux exigences de dernière minute.
J. N. : Il n’aimait pas photographier les mannequins ou modèles connus, il voulait les découvrir lui-même. Il disait d’ailleurs préférer photographier les « femmes du monde ». Aujourd’hui, cette notion n’a plus vraiment de sens, mais à l’époque, c’était différent. D’ailleurs, il n’était pas rare que des photographes essaient de faire des photos avec un modèle « inconnu » déniché par Helmut, mais le résultat n’était jamais celui escompté. Helmut était inimitable.
J. N. : Il a été dit, à plusieurs reprises, que j’étais sa muse. C’est faux ! Je n’avais d’ailleurs aucune influence sur son travail car on ne peut pas rentrer dans l’esprit d’un artiste. C’est du domaine du privé. En revanche, Helmut affectionnait particulièrement les femmes qui avaient un physique dans lequel il se reconnaissait, celles qui avaient des épaules puissantes, des corps ; un goût influencé par son enfance passée en Allemagne. Ses femmes avaient donc souvent le même style, la même silhouette. En revanche, il s’ennuyait très vite d’un mannequin. Une favorite ne le restait donc jamais très longtemps, la prochaine étant toujours bien meilleure que la précédente.
J. N. : Ni lui ni moi ne nous sommes jamais souciés des féministes, mais je pense qu’Helmut a plutôt participé à l’émancipation de la femme. Il suffit de s’attarder sur ses photos pour s’apercevoir que dans chacune des mises en scène, le modèle domine la situation. Ce ne sont jamais des femmes soumises. Au contraire, elles sont puissantes, « powerfull ». Je pense que les clichés d’Helmut étaient, pour la plupart, pro-féministes.
J. N. : C’est la meilleure rétrospective qui ait jamais été faite car elle permet de découvrir toutes les facettes d’Helmut. Il n’est pas rare que, lors d’une exposition, le visiteur fasse l’impasse sur quelques clichés ou tableaux. Ici, il est impossible de passer devant une photo sans s’arrêter ; chacune raconte une histoire, chacune dit la vérité. Helmut a tout vu et le montre en toute simplicité. Comme il le disait lui-même, « Nothing has been retouched, nothing electronically altered. I photographed what I saw » (Sic : « Rien n’a été retouché, rien n’a été modifié par des moyens électroniques. J’ai photographié ce que j’ai vu »).
Autoportrait avec June et modèles, Paris, 1981 © Helmut Newton Estate
Buste aux liens, Ramatuelle, 1980 © Helmut Newton Estate
Matisse au Centre Pompidou : pour une esthétique de la répétition
Louboutin au Crazy Horse : la provoc en talons aiguille
« Tableaux de mots » : l'année 2011 en coupures de presse
Expo photo LaBruce : Rossy de Palma scandalise l'Espagne en nonne sexy