De Warhol à Joyce Carol Oates, les artistes et écrivains n’ont pas manqué de faire de Marilyn Monroe au minimum un sujet, au mieux une muse. Pourtant malgré cet engouement, la filmographie sur la star disparue il y a 50 ans ne brille pas par ses chefs d’œuvres. Une longue liste de téléfilms, et quelques films qui n’ont pas marqué les esprits, à l’exception peut-être de l’opus de Larry Buchanan, « Goodnight, Sweet Marilyn » daté de 1989. Pourquoi Simon Curtis s’en sort-il si bien avec « My Week with Marilyn », félicité par la plupart des critiques, nommé deux fois aux Oscars et qui vaut à Michelle Williams le Golden Globes de la Meilleure actrice ? Peut-être justement parce qu’il n’a pas fait un biopic. Qu'on aime ou pas Marilyn, on tombe forcément dans le panneau de cette histoire de Cendrillon à l’envers, d’un sous-fifre adorable qui se fait remarquer par une star inaccessible.
Ceci n’est pas un biopic…
Mais bel est bien une histoire vraie. Celle de Colin Clark, dont Simon Curtis exhume les mémoires, objets de convoitise de nombreux réalisateurs avant lui. « J’ai été émerveillé en découvrant « Une semaine avec Marilyn », déclare-t-il, Colin Clark avait véritablement vécu une semaine intense, d’une grande tension érotique, avec celle qui était alors la plus célèbre star du monde, et j’ai eu beaucoup de chance de pouvoir décrocher les droits cinématographiques de ce livre ». Colin fut en effet l’heureux assistant réalisateur de Laurence Olivier sur le tournage du film « Le Prince et la danseuse » en 1956, et raconta quelques années plus tard son aventure de sept jours avec l’actrice la plus célèbre du monde, jeune épouse du dramaturge Arthur Miller, aussi populaire que sulfureuse après le succès de « Les hommes préfèrent les blondes » de Howard Hawks, et « Sept ans de réflexion » de Billy Wilder.
Culture ciné
Au-delà d’une Michelle Williams au sommet du glamour, et de son interprétation sans fausse note, le conte de fées du jeune Colin vaut aussi pour son aspect documentaire sur l’industrie du cinéma des années 50, davantage portée par les questions de gros sous que l’amour de l’art. « Nous avons pris beaucoup de plaisir à reconstituer la façon dont on faisait les films en 1956, et c’était certainement une époque où les performances d’acteurs étaient au centre du cinéma, davantage que les effets spéciaux », souligne S. Curtis, qui s’est efforcé de mettre en scène la bataille des egos, entre une actrice débarquée d’Hollywwod pour conquérir ses lettres de noblesse grâce à la « Méthode » de l’Actors Studio, et Laurence Olivier, dieu du théâtre anglais, habitué à déclamer Shakespeare, qui s’impatiente face à cette pin’up trop jeune, trop séduisante, et surtout beaucoup trop talentueuse…
« My Week with Marilyn », de Simon Curtis, avec Michelle Williams, Kenneth Branagh et Eddie Redmayne, le 4 avril au cinéma.
« Une semaine avec Marilyn », de Colin Clark, Petite Bibliothèque Payot.
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