« C’est une joie, un honneur et une grande responsabilité de présider le jury du festival cinématographique le plus prestigieux du monde, festival qui se déroule dans un pays qui a toujours considéré le cinéma avec attention et respect ». C’est par ces mots que Nanni Moretti a accepté l’invitation qui lui a été faite d’être le président du jury de ce 65e Festival de Cannes.
A 49 ans, ce fils d’enseignants a toujours eu deux passions : le water-polo et le cinéma. Mais c’est vers le 7e art que Nanni Moretti va se tourner pour faire de sa passion son métier. Très jeune il décide de devenir réalisateur. A 20 ans il tourne ses deux premiers courts-métrages : « Pâté de bourgeois » et « La Défaite ». Quatre ans plus tard, en 1978, Nanni Moretti frôle pour la première fois le tapis rouge du Festival de Cannes avec « Ecce bombo » présenté en sélection officielle. Il sera alors très régulièrement présent sur la croisette.
En 1994, Cannes lui remet pour la première fois un prix : celui de la mise en scène pour « Journal intime » où il évoque son cancer. En 2001, c’est la consécration, il obtient la Palme d’or pour « La chambre du fils ». Nanni Moretti présentera ensuite plusieurs films à Cannes : « Aprile », « Le Caïman » et dernièrement « Habemus Papam ». Derrière le réalisateur exigeant se cache un acteur talentueux, qui a pris l’habitude d’interpréter les rôles masculins qu’il écrit : d’abord professeur dans « Bianca », puis joueur de water-polo dans « Palombella rossa », Berlusconi dans « Le Caïman », lui-même dans « Journal intime » et « April », ou psychanalyste dans la « La chambre du fils » et « Habemus Papam ».
A travers ses rôles divers, Nanni Moretti reste fidèle à ses obsessions : l’Italie, la politique, les illusions perdues et le cinéma. Des marottes qu’on retrouve également dans les films qu’il produit et distribue. Ses réalisateurs fétiches : l’Iranien Kiarostami ou le Français Robert Guédiguian. Mais également Ken Loach, britannique, et Matteo Garrone, italien, tous deux en compétition à Cannes cette année, respectivement avec : « La part des anges » et « Reality ». Et si l’on connaît les préférences du réalisateur, on sait aussi ce qu’il n’apprécie pas : la violence gratuite, les discours vides de sens, les jérémiades. Pas à l’aise avec la langue de bois, il ne cache à aucun moment son regret de voir Sean Pen obtenir le prix d’interprétation pour « She’s so lovely » de Nick Cassavetes, qu’il détestait. Il ne s’est pas non plus gêné pour malmener « The Artist », « un film facile » selon lui.
Un sens critique qui aura l’avantage de déjouer les pronostics pendant le Festival. Rendez-vous le 27 mai pour connaître le palmarès de Nanni Moretti et de son jury.
Sarah Jumel
Crédit photo : Festival de Cannes
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