Troisième film français en compétition, avec « De Rouille et d’os » de Jacques Audiard, et « Holy Motors » de Leos Carax, « Vous n’avez encore rien vu » sera projeté ce soir au Festival de Cannes. Il s’agit du 47e film d’Alain Resnais, mais à 83 ans, cet éléphant du cinéma réserve encore des surprises.
Le pitch. Après sa mort, Antoine, homme de théâtre, fait convoquer chez lui tous ses amis comédiens ayant joué dans différentes versions de sa pièce Eurydice. Il a enregistré, avant de mourir, une déclaration dans laquelle il leur demande de visionner une captation des répétitions de cette pièce : une jeune troupe lui a en effet demandé l'autorisation de la monter et il a besoin de leur avis...
L’histoire du projet montre à quel point le cinéma demeure une entreprise compliquée. Trois ans de travail pour un « chef d’œuvre » ose affirmer le producteur Jean-Louis Livi, « mais un chef d’œuvre au sens artisanal du terme ». Né d’une « conjonction de passions », de tous les techniciens et de tous les acteurs, qui ont voulu participer à cette œuvre. Ces derniers en effet ont largement rogné sur leurs cachets pour que le film aboutisse. « Je crois que c’est une forme d’exemple de ce qu’on peut encore faire aujourd’hui, mais je ne suis pas sûr qu’on pourra toujours le faire demain, car c’est un parcours d’obstacles énorme », confie le producteur.
C’est avec sa troupe de comédiens habitués, et dans les studios de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), que le cinéaste des « Chansons d’amour » a tourné cet hommage au dramaturge Jean Anouilh. Outre son épouse et muse Sabine Azéma, qui travaille avec lui depuis « La vie est un roman » (1983) -elle incarne la première Eurydice-, on retrouve Pierre Arditi qui lui donne la réplique en Orphée numéro 1. Le couple mythologique trouve son double (plus) jeune avec Lambert Wilson et Anne Consigny (Orphée 2 et Eurydice 2). Denis Podalydès, Mathieu Amalric, Anny Duperey et Michel Piccoli font également partie du casting, et sans doute de l’équipée de Cannes. Dans cette mise en abyme de la recherche théâtrale, Resnais célèbre-t-il le pouvoir d’illusion du cinéma ou l’essence de la dramaturgie ?
Le réalisateur aux cinq César va-t-il conquérir sa Palme cette année ? Pour J.-L. Livi, il semble que tous les espoirs soient permis, avec un film « d’une émotion incroyable et d’une jeunesse suffocante ». La dernière visite d’Alain Resnais à Cannes remonte à 2009 ; il était venu recevoir le Prix exceptionnel du Jury pour « Les Herbes folles » et l’ensemble de son œuvre.
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