Culture
Cannes 2012 : Ken Loach présente « La part des anges »
Publié le 22 mai 2012 à 11:47
Par Marine Deffrennes
Lauréat de la Palme d'or en 2006 pour « Le vente se lève », Ken Loach revient à Cannes pour présenter une comédie au goût de whisky « The Angels' Share ». L'itinéraire d'une bande de petits délinquants de Glasgow condamnés à des travaux d'intérêt général.
Cannes 2012 : Ken Loach présente « La part des anges » Cannes 2012 : Ken Loach présente « La part des anges »© AFP
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Le Britannique Ken Loach effectue son passage annuel à Cannes aujourd’hui, avec une bande de jeunes et une histoire alcoolisée. Mais pas de « Very bad trip » ici, le réalisateur et le scénariste Paul Laverty s’attaquent au chômage et à la délinquance des jeunes, et imaginent une échappatoire vertueuse grâce au goût d’un pur malt. « A la fin de l’année dernière, en Angleterre, le nombre de jeunes au chômage a dépassé le million pour la première fois », explique Ken Loach en note de production. « On voulait parler de cette génération de jeunes gens, dont beaucoup n’ont aucune perspective d’avenir (…) Quel effet cela peut-il avoir sur ces jeunes et quelle image ont-ils d’eux-mêmes ? » Pourtant et contre toute attente, le ton est à la comédie. Après le tragique de « Route Irish », présenté en 2010 au Festival de Cannes, Paul Laverty explique avoir cherché à « explorer un style nouveau mais également changer de registre ». « Nous voulions être réalistes, précise-t-il, tout en ajoutant une petite dose de magie. C’est l’histoire d’un talent gâché, mais aussi le récit d’un nouveau départ ».

Le pitch : À Glasgow, Robbie, tout jeune père de famille, est constamment rattrapé par son passé de délinquant. Il croise la route de Rhino, Albert et la jeune Mo lorsque, comme eux, il échappe de justesse à la prison mais écope d’une peine de travaux d’intérêt général.
Henri, l’éducateur qu’on leur a assigné, devient alors leur nouveau mentor en les initiant secrètement… à l’art du whisky ! De distilleries en séances de dégustation huppées, Robbie se découvre un réel talent de dégustateur, bientôt capable d’identifier les cuvées les plus exceptionnelles, les plus chères. Avec ses trois compères, Robbie va-t-il se contenter de transformer ce don en arnaque - une étape de plus dans sa vie de petits délits et de violence ? Ou en avenir nouveau, plein de promesses ? Seuls les anges le savent…

Pour ce film, comme pour les précédents, Ken Loach n’a pas renoncé à la tentation de choisir de vrais personnages pour incarner leur propre histoire devant la caméra. Robbie, petit criminel qui rêve de rédemption pour devenir père, est interprété par Paul Brannigan. Cet employé d’une maison de quartier de Glasgow participe à l’époque à un programme pour désamorcer les situations de violences dans les bandes de jeunes. Paul vient de ce milieu modeste où l’alcool et les drogues prennent vite le pas sur le reste, il a lui-même versé dans le scénario sombre de cette vie, mais il s’est sauvé lorsque son fils est né. Lorsqu’il fait la connaissance de Paul Laverty, le scénariste, Paul est désoeuvré et en pleine période de chômage. Après plusieurs refus, il finit par accepter de rencontrer le réalisateur, « comme j’avais mon petit garçon dont je devais m’occuper, que j’étais fatigué et qu’on était au lendemain de Noël, j’avais un tout petit moral. Je me suis dit : « Putain, si ça marche, je pourrai peut-être rembourser un des emprunts que j’avais faits pour Noël ». Du coup, j’y suis allé et je me suis donné à fond. » Lors d’une audition, Paul décroche finalement le rôle et commence sa formation de goûteur de whisky…
Métaphore de la vie qui reprend, de la liberté qui s’offre à Paul, la découverte des subtilités de la dégustation de whisky est aussi celle d’un métier, et par là une nouvelle fable sur la valeur du travail, « car notre travail nous donne un vrai statut », pense le réalisateur, « que l’on soit artisan dans le bâtiment, menuisier ou plâtrier, cela fait partie intégrante de soi. Et le problème, c’est qu’à l’heure actuelle, beaucoup de gens ne peuvent plus se raccrocher à cela. Ils n’existent plus que dans le regard des autres, autrement dit comme des « profiteurs du système », et on les surveille sans cesse pour être bien sûr qu’ils ne trichent pas. » Une comédie de la crise dans la lignée de « The Full Monty », le strip-tease en moins et les visites de distilleries en plus.

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