Laurent Hasse : Il n'y a pas UN moment qui sortirait du lot ou viendrait supplanter tout le reste. C'est plus une succession de petits bonheurs et de grandes émotions. Que ce soit le spectacle de la lumière rosée du petit matin et l'apparition magique du soleil à l'horizon, un tête-à-tête avec une biche en pleine forêt ou une porte qui s'ouvre, suivie d'une invitation à venir se réchauffer alors que je désespérais à l'idée de devoir passer la nuit dehors dans un hameau que j'imaginais désert. Et puis, bien sûr, il y a l'arrivée sur la plage de Dunkerque (Malo-les-Bains précisément). Des émotions inégalées : un mélange de pleurs et de rires, un frisson qui me traverse et qui n'est pas définissable avec des mots.
L. H. : Le bonheur, c'est AUSSI de rentrer chez soi, mais c'est avant tout le voyage avec en ligne de mire la perspective de rentrer et retrouver ceux qu'on aime. J'ai fait mienne une maxime attribuée tantôt à Confucius tantôt à Lao Tseu (selon les sources) : « Le bonheur n'est pas au bout du chemin, le bonheur EST le chemin ».
L. H. : Je ne cherchais pas UNE définition que j'aurais pu m'approprier et dont j'aurais pu me contenter pour la suite. Je cherchais plutôt à multiplier et croiser les points de vue sur et autour du bonheur pour cerner un peu plus ce concept flou que nous rêvons tous de comprendre. Il y a cependant, dans le film, deux avis que j'aime beaucoup car ils s'opposent dans la forme, pour arriver à la même conclusion. Il s'agit de la rencontre avec Dédé, un boulanger à qui je demande de manière très (trop?) directe comment définir le bonheur. Dédé ne trouve pas les mots, ce qui ne veut pas dire qu'il ne sait pas ce qu'est le bonheur, il ne sait pas le nommer c'est tout. Alors devant mon insistance il répond par une image : « Regarde, le paysage... C'est-ça le bonheur ». Et le plan suivant dans le film lui donne raison.
À l'opposé, Anne, une jeune maman élevant seule sa fille, est une amoureuse de mots. Et à la question : « Quelle est la définition du mot bonheur », Anne réfléchit longuement en silence avant de dire : « BONHEUR, nom masculin... Ce serait une ABSTRACTION qui conduit à des EXALTATIONS EMOTIONNELLES. » Elle ajoute : «... 3 mots compliqués pour en définir un qui paraît tout simple puisque tout le monde l'utilise ».
Pour ma part, je serais partisan pour que la proposition d'Anne devienne la définition officielle que l'on trouverait dans le Petit Robert.
L. H. : Pour l'instant, ici en île-de-France. Le voyage était une parenthèse nécessaire, une parenthèse enchantée mais pour l'instant c'est à Paris que je me sens bien car c'est là que sont mes ami(e)s, mes proches, mon travail. Je n'exclus pas un jour de quitter la capitale pour une autre destination, mais ce n'est pas au programme dans l'immédiat. Il faut bâtir sa « maison du bonheur » là où sont nos projets, et ces derniers évoluent avec l'âge, avec la sagesse.
L. H. : Archi faux ! Sauf à considérer que le bonheur ne s'atteint que dans l'AVOIR, la possession, la consommation. Je préfère penser qu'il est dans l'ÊTRE et donc dans le partage.
Les grands moments solitaires au cours du voyage n'avaient de saveurs et de sens que parce que cette solitude était rompue le soir venu au contact d'inconnus... qui ne l'étaient plus le lendemain.
L. H. : Petits conseils perso :
- Au risque de passer pour un égoïste, le premier conseil : avant tout, écouter ses envies.
- Fuir autant que possible toute forme de contraintes et autres diktats liés aux conventions sociales.
- Se tenir à bonne distance de tout ce qui invite à la procrastination.
L. H. : Le bonheur n'est pas une « chose finie » qui se trouve une fois pour toute, c'est un état en mouvement aux contours changeants donc on passe sa vie à lui courir après ou à en tester les différentes formes, en apprécier les différents visages. Donc, je n'ai pas trouvé le bonheur, je l'ai juste approché, tutoyé, caressé parfois. C'était mon Graal, la carotte qui m'a fait avancer et dont j'ai pu croquer quelques morceaux.
Alors, que me souhaiter ? Que nous souhaiter pour 2013 ? Et bien : que le bonheur se propage comme une maladie contagieuse pour laquelle il n'y aurait pas de vaccin.
Au regard du flot de mauvaises nouvelles que charrient les journaux, ça n'en prend pas la tournure. Mais puisque les Hommes sont responsables de biens des maux, je veux croire que la communauté des Hommes, l'Humanité peut aussi être la solution à ces (ses) problèmes.
Bande-annonce
« LE BONHEUR... TERRE PROMISE » réalisé par Laurent HASSE, en salle à Paris au cinéma LES 7 PARNASSIENS jusqu’au 15 janvier. Puis dans toute la France. Plus d’infos et liste des salles :
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=198384.html et sur http://www.facebook.com/lebonheurterrepromise