Le féminisme dans le cinéma ? Une question qu’on ne croit plus avoir besoin de poser, tant on voit d’héroïnes sur les écrans, de la guerrière à la femme politique. Mais Natalie Portman, en bonne connaisseuse des réflexes du métier, estime qu’il y a encore un peu de boulot. Dans une interview à paraître dans le numéro de novembre du ELLE britannique, elle débat avec l’acteur Tom Hiddleston, l’un de ses partenaires dans le film Thor, The Dark World, (sortie en octobre 2013 en Grand-Bretagne), et propose sa définition d’un féminisme où les femmes ne sont pas toutes des emmerdeuses ou des têtes brûlées.
« Le problème à Hollywood, dit-elle, c’est que si vous tournez un film féministe, la femme met la pâtée à tout le monde et gagne. Ce n’est pas féministe, c’est macho. Un film à propos d’une femme faible et vulnérable peut être féministe si cela montre une vraie personne de laquelle on peut se sentir proche ». Un propos qui fait écho à la tribune de l’auteure américaine Sophia McDougall intitulée « I hate Strong Female Characters ». Elle y dénonce cette récente habitude du cinéma de faire de toutes les femmes des battantes avec ce label unique « strong female character ». « Personne ne se demande jamais si un personnage masculin est fort. Ni s’il est bagarreur ou s’il a le sang chaud », écrit-elle ; déduisant qu'on estime comme acquises ces qualités chez un homme...
Pour Natalie Portman, le cinéma devrait proposer une plus grande variété de personnalités, pour déconstruire les stéréotypes attachés dans notre inconscient au masculin et au féminin. « Je veux que toutes les versions de la femme ou de l’homme soient possibles […] qu’ils puissent tous les deux être des parents à plein temps ou qu’ils travaillent 24h/24 ou qu’ils combinent les deux comme ils le veulent. […] Je veux qu’ils aient le droit d’être faibles ou forts, heureux ou tristes, humains en fait. »
On ne peut qu’acquiescer et encourager cette autre sentence de Sophia McDougall : « Arrêtons de croire que le sexisme dans la fiction peut être évacué par la peinture d’un seul type de personnalité, que vous n’avez qu’à écrire un seul personnage féminin par histoire pour en avoir fait assez. »