Le cinéma du XXIe siècle reste une affaire d’hommes. Une infographie réalisée par la New York Film Academy révèle les disparités flagrantes entre la représentation des femmes et celle des hommes à l’écran. Dans les studios, les rôles-clés de direction et de production sont majoritairement occupés par des hommes.
D’après les chiffres présentés dans cette infographie, les femmes n’occupent que 30% des rôles qui à texte dans les films ; parmi celles-ci, une sur trois sera présentée dans une tenue sexuellement suggestive ou partiellement nue. Plus inquiétant, la représentation de corps dénudés de mineurs a progressé de 32% entre 2007 et 2012. Un signe d’une tendance au jeunisme qui affecte le cinéma et toute la société, et qui transforme les adolescentes en lolitas programmées pour séduire. Sur l’ensemble des actrices amenées à figurer dans un film, plus d’un quart seront déshabillées à l’écran, contre seulement 9% des hommes.
De fait, les actrices gagnent moins, même lorsqu’elles gagnent beaucoup : l’acteur le mieux payé d’Hollywood, Robert Downey Jr, a gagné 75 millions de dollars en 2013, alors qu’Angelina Jolie, actrice la mieux payée, en a gagné 33. Les cachets record du cinéma ne sont jamais empochés par des femmes.
Cette disparité de représentation n’a rien d’étonnant, puisque le secteur est encore largement géré et dominé par les hommes : on compte une femme pour 5 hommes dans les travailleurs du cinéma, seulement 9% de réalisatrices, 15% de scénaristes, 17% de productrices exécutives, un quart de productrices, 20% de monteuses, et 2% de cadreuses…
Dans toute l’histoire des Oscars, quatre réalisatrices ont été nominées pour l’oscar du meilleur réalisateur, une seule l’a emporté : Kathryn Bigelow en 2010. Parmi les 19 catégories de l’édition 2013, 140 hommes étaient nominés, contre 35 femmes. Logique, les trois quarts des membres du jury des Oscars sont des hommes.
La New York Film Academy a néanmoins tenu à féliciter les signes de progrès du cinéma sur la question de la parité et des stéréotypes de genre, en mettant en valeur les nouvelles femmes influentes du secteur, comme Lena Dunham, créatrice de la série Girls, qui s’attaque sans complexes à la plupart des clichés sur la féminité, ou encore la productrice Kathleen Kennedy (E. T., Jurassik Park, Le Sixième Sens ou l’épisode 7 de Star Wars). Des rôles modèles aussi sont rappelés, comme autant d’exemples à suivre pour mettre en scène des héroïnes moins lisses et moins stéréotypées : Katniss Everdeen de Hunger Games, Lisbeth Salander, ou Marjane Satrapi dans Persepolis.
Bande-annonce : Hunger Games 2 : l'embrasement, avec Jennifer Lawrence