Aïcha Belaïdi : Le festival Les Pépites du Cinéma est un festival de nouveaux talents dans le domaine de la réalisation. Ces talents sont principalement issus de la diversité, de la culture populaire et des quartiers ; la rue et l’autoproduction sont leurs points communs. Ce sont des personnes qui n’ont pas pu compter sur le soutien des institutions professionnelles pour mener à bien leur projet mais qui, malgré tout, sont parvenues à leurs fins.
Je précise que Les Pépites du Cinéma n’est pas un festival amateur. Les réalisateurs dont nous projetons les œuvres ne sont pas des apprentis cinéastes. Certes, ils sont jeunes. Ils sont âgés de 24 à 39 ans, ce qui est très jeune dans ce milieu, mais rares sont les autodidactes. Ils ont pour la majorité suivis une formation initiale les préparant au métier, mais le contenu des œuvres qu’ils proposent n’est pas raccord avec les codes du cinéma. À la différence de leurs aînés, ils sont inspirés par le genre, le cinéma français et américain. Leurs films, bien qu’ils traitent souvent de la vie dans les quartiers, d’immigration, de politique et de diversité, ne sont pas misérabilistes pour autant. Mais le cinéma reste l’un des milieux artistiques les plus difficiles à intégrer. Ce festival leur offre donc une vitrine de diffusion et permet de montrer une nouvelle créativité. Il permet à ces réalisateurs de bénéficier d’une visibilité et de tisser des liens avec des personnes influentes de ce milieu.
Cet événement a également été créé en réponse à la stigmatisation médiatique qui a été faite des jeunes de quartiers, à la suite des émeutes de 2005. J’ai voulu monter un autre visage de cette jeunesse et que l’opinion porte sur elle un autre regard.
A. B. : Les courts métrages représentent la majeure partie de notre programmation. Nous en avons une quinzaine cette année. Parallèlement, nous présentons également quelques longs métrages. Pour cette cinquième édition, nous ouvrirons le festival avec la projection du dernier film de Mathieu Kassovitz, « L’Ordre et la morale », à 20 heures, au cinéma L’Étoile de la Courneuve (93).
La programmation est donc variée, constituée à la fois de documentaires, de courts et de longs métrages, en avant-première parfois. Nous avons en effet régulièrement la chance de présenter en exclusivité les premiers longs métrages de ces réalisateurs. Ce fut le cas pour « Donoma » de Djinn Carrenard ou encore pour « Rue des Cités » de Carine May et Hakim Zouhani. Ces derniers avaient d’ailleurs participé au dernier Festival de Cannes dans le cadre de la sélection de la très exigeante Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion).
A. B. : Il y a d’abord « The Black Power Mixtape », un documentaire suédois de Göran Hugo Olsson. Il aborde les problématiques de la communauté noire aux États-Unis et retrace l'évolution du mouvement Black Power de 1967 à 1975. Ce documentaire fait écho à ce que les minorités peuvent vivre aujourd’hui, en France. J’ai également eu un coup de cœur pour le film de Leïla Kilani « Sur la planche ». C’est un très beau film sur la jeunesse marocaine. C’est un long métrage à la fois radical, décomplexé et d’une rare intensité.
Les Pépites du Cinéma, 5e édition : du 2 au 10 décembre
Projections et rencontres :
- Du 2 au 4 décembre : au Cinéma l'Étoile (la Courneuve - 93)
- Du 7 au 9 décembre : au Cinéma Commune Image (Saint Ouen - 93)
- Le 10 décembre : à La Maison des Pratiques Artistiques Amateurs/ Auditorium Saint Germain (Paris)
Le site Internet des Pépites du Cinéma
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