Terrafemina : Décrivez-nous l'ambition de l'Epra et son mode de fonctionnement...
Joël Rakotamala : L'Epra contribue à la promotion de programmes radiophoniques de proximité sur les thèmes de la vie sociale et associative, de la mémoire de l'immigration et de l'intégration, jusqu'à l'expression des différentes cultures. Notre approche est unique : nous sélectionnons et redistribuons des programmes parmi nos 150 radios associatives. Concrètement, une fois que les radios nous ont fourni leurs productions, notre rôle est de sélectionner, formater et masteriser les programmes, pour la diffusion vers d'autres radios partenaires.
En tout, 2h30 de programmes sont disponibles chaque jour. Les radios reçoivent le flux par satellite et peuvent le diffuser intégralement ou bien choisir seulement certaines émissions. A côté de cela, l'Epra s'associe à de nombreuses manifestations (rencontres culturelles, conférences, ateliers) liées à ses problématiques et incite les radios à couvrir ces événements.
TF : Qu'apportent ces échanges aux radios ?
J.R. : L'idée est qu'on peut habiter dans n'importe quel endroit en France et être intéressé par un programme qui est émis dans une région en particulier. En favorisant le développement des échanges entre les radios membres, on croise les regards et on montre les différentes manières de traiter l'information. Cela permet aux radios d'enrichir mutuellement leurs grilles de programmation et leurs champs de diffusion. C'est aussi un apport financier non négligeable puisque l'Epra achète les émissions produites par les radios, puis les redistribue par la suite.
TF : Quelle est le rôle de ces radios associatives membres de l'Epra ?
J.R. : 151 radios associatives sont adhérentes à l'Epra sur tout le territoire national. Ce sont généralement des radios généralistes qui assurent des missions de proximité et qui sont bien implantées localement. On trouve également des radios d'expression multiculturelle, des radios en milieu scolaire et universitaires.
Parmi les plus connues, il y a Agora, Oxygène, Alternative FM. Kaléidoscope, qui émet sur Grenoble, est l'une des plus anciennes du paysage radiophonique de la ville (depuis décembre 1981). Les radios associatives jouent un rôle important d'information, de sensibilisation et de relais des initiatives locales ; leur travail est remarquable et très professionnel. Pourtant elles manquent encore de reconnaissance.
TF : La radio, un média puissant, en pleine mutation ?
J.R. : Tous les supports médiatiques permettent de transmettre des messages, mais à la radio il y a une liberté de ton et une spontanéité qui n'existent pas ailleurs. Ce média a un rôle clé à jouer, entre la presse écrite et la télévision. Mais il ne fera pas l'économie d'une mutation liée aux évolutions technologiques. Les modes de consommation changent ; beaucoup de radios sont aujourd'hui sur internet. Les radios associatives doivent elles aussi, (comme nous à l'Epra), se préparer au numérique.