Bruno Marzloff : Des transformations se sont produites en effet dans la façon de faire les courses. Il y a eu le modèle répandu dans les années 60, porté par l’automobile, celui des grandes surfaces en périphérie des villes, aujourd’hui c’est le commerce proximité qui redevient en vogue. Le marché du e-commerce a été intégré, il a progressé de façon impressionnante : +22% dans une année de crise telle que 2011. Le e-commerce possède encore de grandes réserves de développement parce qu’il répond aux problématiques quotidiennes des consommateurs. Nous sommes dans une phase de déstructuration du quotidien, c’est-à-dire que nous quittons lentement mais inéluctablement le rythme métro/boulot/dodo pour plus de flexibilité. Exit le caddie du mercredi ou du samedi pour plus de mobilité dans le temps et dans l’espace. La notion d’opportunisme est prégnante, l’immédiateté également, en achetant une musique en mp3, on s’habitue à tout recevoir tout de suite.
B. M. : L’offre concurrentielle en matière de e-commerce alimentaire est riche. Les grandes enseignes ont réinvesti dans le commerce de proximité sous la forme de supérettes, accessibles sur les parcours quotidiens. Il y aussi le problème du modèle économique pour ces sites qui ont des contraintes et des frais de livraison élevés. Se pose toujours la question du dernier kilomètre : comment accéder à ses livraisons quand on est de moins en moins chez soi ?
B. M. : Il y a derrière cela une idée d’écologie et d’économie circulaire, j’achète, je revends et j’achète encore. Mais c’est toujours le prix qui prévaut. La géolocalisation séduit en effet, parce que la proximité est aussi un facteur de confiance, je préfère acheter la télé du voisin qui me garantit qu’elle fonctionne, et cela permet de diminuer les frais d’expédition… Tant qu’on peut « faire de bonnes affaires », toutes les idées sont bienvenues, je crois. Le e-commerce n’invente rien, il permet seulement de redéployer autrement des pratiques ancestrales.
B. M. : On retrouve cette contradiction entre l’internaute qui ne veut pas livrer à n’importe qui des informations privées, la méfiance envers le « Big brother » informatique, et en même temps le fait que le fournisseur ait besoin de ces informations pour adapter et optimiser l’offre. La résolution de ce paradoxe passera par une conciliation et un contrat entre les deux parties, le consommateur voudra une clarification, et être assuré que ses données resteront entre lui et le fournisseur. Il s’agira d’informer l’internaute et de trouver où on place le curseur de la vie privée.
Les résultats complets de l'Observatoire eBay/Terrafemina
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