Acheter une robe dégriffée à 70%, dénicher un livre épuisé ou revendre des vêtements d'enfants, les femmes se sont emparées des possibilités offertes par les sites de vente entre particuliers. eBay, Leboncoin.fr, Troc.com, Priceminister.com, Vestiairedecopines.com, 58% d'entre elles les fréquentent après les sites de e-commerce traditionnel. « J'achète des meubles, des jouets pour ma fille, un appareil photo », déclare une mère au foyer invitée à témoigner lors du focus groupe organisé par Treize Articles dans le cadre l'Observatoire eBay-Terrafemina. « Moi je revends les livres des enfants, des sacs, c'est une brocante qui ne s'arrête jamais », ajoute une autre. « Ces sites sont bien faits, et particulièrement adaptés aux mamans dont les enfants changent de taille de vêtements tous les six mois », estime Catherine Barba, directrice générale de « Digital Commerce Factory » (groupe vente-privée.com). D’autant plus qu’avec la crise, la seconde main et le discount sont plus que bienvenus, « l’arbitrage pour faire des économies est vite fait », relève C. Barba.
Vendre pour financer ses achats
En 2011, un internaute sur deux a acheté ou vendu sur des sites de vente entre particuliers (statistique Fevad). Sur la place de marché eBay, les femmes sont nombreuses à vendre « pour se faire un petit budget et pouvoir réinvestir dans d'autres produits » explique Nathalie Touzain, directrice de la communication corporate d’eBay en France. On voit même certaines se prendre au jeu et se convertir en vendeuses professionnelles après quelques transactions bien menées. « Nous savons que 40% de femmes travaillent au quotidien sur eBay.fr », souligne-t-elle, en rappelant dans la foulée que depuis quelques années, plus de 60% des produits vendus sur eBay sont neufs. Un vide-grenier transformé en galerie commerciale, une offre pléthorique et des prix ultra-compétitifs : les bonnes affaires n’avaient plus qu’à s’exporter sur le mobile, un marché plus que prometteur.
Le mobile dope les ventes entre particuliers
Alors que le marché français du m-commerce (commerce via le téléphone mobile) pesait déjà 500 millions d’euros en 2010, il devrait représenter 13 milliards d’euros d’ici 2015 (d’après une étude du cabinet Xerfi). Chez ventes-privées.com, l’application mobile assure 6% du chiffre d’affaires quotidien, Leboncoin.fr a réuni plus de trois millions de mobinautes à la fin 2011, et chez eBay, le mobile est devenu le canal de vente à la croissance la plus rapide : un article acheté toutes les trois minutes trente, 5 milliards de dollars générés en 2011, 8 milliards prévus pour 2012, à la faveur du lancement de l'application sous Android fin avril. Les femmes semblent particulièrement concernées. D'après l'enquête CSA réalisée pour l'Observatoire eBay-Terrafemina, 15% d’entre elles (contre 9% de la population globale d’après notre étude de juillet 2011 ) ont déjà effectué un achat avec un Smartphone, un chiffre qui ne cessera de grimper au vu du taux d'équipement en téléphones connectés : 31,4% de la population française en possède un selon Médiamétrie, et les deux tiers des renouvellements de téléphones aboutissent au choix d’un Smartphone (Selon le cabinet Forrester).
Mobilité, immédiateté : les nouveaux réflexes
« De nouveaux réflexes ont été créés notamment grâce aux sites de ventes évènementielles, très performant sur le mobile », note Catherine Barba. Les sites de vente CtoC (« consumer to consumer ») profitent largement de cette manne, portés par les achats impulsifs, le désir d'immédiateté et la quête du produit unique à prix réduit. Pour les enchères, mode de vente historique d'eBay et qui représente aujourd'hui « entre 22 et 25% du volume des transactions », selon N.Touzain, la contrainte du suivi est même tout à fait résolue par la mobilité. Plus question de manquer la vente d'un objet coup de coeur quand on peut recevoir les alertes et surenchérir depuis la terrasse d'un café. En revanche, pour éviter de payer la livraison du canapé, on préfèrera l’acheter dans un rayon de 50 kilomètres, et aller le chercher soi-même.
« e-commercer » dans le quartier
Ce sera sans doute le deuxième effet à long-terme du m-commerce : le retour des e-acheteurs à des formes plus basiques de troc physique. En effet, alors que 65% des femmes se disent plutôt insatisfaites des services et des frais de livraison, 44% apprécieraient la mise en place d'un service de géolocalisation pour trouver les meilleures offres près de chez elles. Un outil qui sera sans doute disponible plus vite que prévu, si l'on en croit l'essor de sites comme Pinterest.com ou autres plateformes de social shopping. Vendeurs et acheteurs se reconnaîtront alors directement via leur mobile en fonction de leur lieu d'habitation, de leurs centres d'intérêts ou de leurs amis en commun. D’une expérience e-commerce plutôt désincarnée et virtuelle, le m-commerce réoriente le shopping physique vers plus proximité, et peut-être plus d’humanité. Les cyberacheteuses apprécieront.
L'Observatoire eBay-Terrafemina est basé sur un sondage CSA réalisé du 16 au 24 février 2012 sur deux échantillons de 500 femmes âgées de 20 à 60 ans, et deux groupes d’étude qualitatifs de 2x 8 femmes au foyer, réalisés les 6 et 7 mars 2012 par l’institut Treize Article-Weblab.
Les résultats complets de l'Observatoire eBay/Terrafemina
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