Le même constat glauque et peu reluisant a été fait il y a déjà quelques mois avec Google suggest, cette recherche intuitive qui associait encore récemment les membres du gouvernement au terme « juif ». En général, les requêtes des internautes révèlent plutôt le pire que le meilleur… Google depuis s’est amendé, et est censé censurer les associations racistes ou antisémites dans ses suggestions. Twitter est dans le viseur pour les mêmes motifs : lancé début octobre par quelques twittos inspirés, le hashtag #unbonjuif, donnant lieu à des blagues antisémites, s’est retrouvé parmi les trois plus populaires du réseau social le 10 octobre. Concrètement, cela revient à montrer ce hashtag dans la colonne de gauche de tous les utilisateurs français de Twitter. Une belle promo pour l’antisémitisme, et une dangereuse banalisation de l’incitation à la haine.
Dans un communiqué diffusé hier, l’UEJF –l’Union des étudiants juifs de France- demande un rendez-vous d’urgence à Twitter, « afin de mettre en place un nouveau système de modération des tweets ». Joint par téléphone ce matin, Jonathan Hayoun, président de l’UEJF se dit très inquiet de voir que les blagues haineuses et antisémites de deux particuliers sur Twitter puissent atteindre si rapidement une telle popularité : « on n’a même plus besoin d’une association ou d’une organisation pour diffuser l’antisémitisme ». « Nous sommes dans une période particulièrement trouble, l’antisémitisme est un sujet de rendez-vous pour beaucoup de gens sur la Toile ». On se souvient en effet de la popularité de l’application Juif ou pas juif dans l’App Store. « Comme tout le monde, Twitter doit prendre ses responsabilités », poursuit J. Hayoun. La première exigence sera de mettre en place un système qui empêche les hashtags antisémites ou racistes d’être affichés de façon neutre dans les Trend Topics, « comme si on parlait d’une émission à la mode ou d’un people », regrette-t-il. Sur ce point, l’UEJF n’a pas encore évoqué la possibilité d’attaquer le réseau social.
L’UEJF qui se contente pour l’instant de demander un rendez-vous à Twitter, se montre plutôt fairplay, puisque l’organisation était en droit de porter plainte pour propos antisémites. Il leur suffirait en effet de réclamer aux administrateurs du site les coordonnées des auteurs des tweets antisémites, et la société serait contrainte de s’exécuter. La priorité pour J. Hayoun c’est de trouver un système de modération pérenne, « il faut créer un système de signalement de tweets comme il en existe pour les contenus racistes ou antisémites du Web ». Suite au communiqué balancé dimanche, L’UEJF attendait toujours un retour de Twitter lundi matin, mais a été contacté par le ministère de l’Intérieur, qui prend l’affaire « très au sérieux » selon J. Hayoun. En attendant, l’organisation maintient le rendez-vous du 15 octobre au Grand Rex à Paris pour la soirée « Rire contre le racisme » (en direct sur France 2), « même si aujourd’hui on n’a pas vraiment envie d’en rire », déclare J. Hayoun.
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