Culture
Smart cities : la ville du futur, c'est maintenant
Publié le 20 novembre 2012 à 08:44
Par Marion Roucheux
À la fois source de concepts prometteurs et d'innovations surprenantes, la ville connectée promet une cité plus fluide, où flux d'informations et de personnes sont étroitement liés. Cette ville intelligente a d'ores et déjà produit son lot de nouvelles applications et d'usages qui changent le quotidien. Du wi-fi au mobilier urbain connecté, la « smart city » transforme peu à peu tous les profils de la ville de demain en touchant au transport, au e-travail ou encore à l'urbanisme. Pour sa 14e vague, l'Observatoire Orange-Terrafemina* imagine la smart city du futur. Enquête.
Smart cities : la ville du futur, c'est maintenant Smart cities : la ville du futur, c'est maintenant© iStockphoto
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Recharger tranquillement son pass Navigo de chez soi sans avoir à subir les éternelles files d’attente dans les stations de métro chaque début de mois : c’est désormais possible. La RATP a en effet annoncé que les usagers d’Île-de-France pourraient bientôt acheter leur abonnement sur Internet et charger leur titre de transport à partir de leur ordinateur. Le confort à portée de main pour les voyageurs et le désengorgement des gares : la RATP effectue ainsi un doublé gagnant et s’inscrit dans une tendance lourde de la ville de demain, la smart city. Ce secteur grandissant de la ville connectée représentera un marché mondial de 27 milliards d’euros en 2016 et il produit d’ores et déjà son lot de nouvelles applications et d’usages qui changent le quotidien du citadin. Pour l’heure, c’est avant tout la connectivité qui représente la partie émergée de l’iceberg. Pouvoir se connecter partout, tout le temps, est la première pierre de la ville intelligente de demain : ainsi, selon un sondage exclusif CSA pour l’Observatoire Orange-Terrafemina sur la ville connectée, déjà 62% des Français déclarent utiliser une connexion wifi publique, dont presqu'un tiers dit le faire «souvent ». Les internautes se connectent dans les restaurants, hôtels ou parcs, mais également de plus en plus dans les transports : 44% des répondants disent avoir déjà utilisé une connexion publique dans un train, le métro ou encore une gare ou un aéroport. « La mobilité urbaine n’évolue plus beaucoup aujourd’hui en termes quantitatifs, et nous ne passons pas plus de temps à nous déplacer. En termes qualitatifs en revanche, des parts croissantes de la population n’acceptent plus d’être "débranchées" le temps du déplacement », commente Jean-Pierre Orfeuil, urbaniste à l’Institut pour la ville en mouvement. Passer du temps dans les transports, oui, mais pouvoir l’optimiser, c’est mieux. D’où le développement en flèche de tout un panel d’applications qui facilitent le déplacement et permettent en prime de le rentabiliser.

Accros à leur mobile pour se déplacer dans la ville au quotidien

53% des Français ont ainsi déjà utilisé une application de géolocalisation pour pouvoir se déplacer dans la ville, tandis qu’ils sont 50% à avoir consulté Internet pour localiser un magasin à proximité. Des chiffres qui augmentent significativement chez les possesseurs de smartphones ou de tablettes numériques, mais également chez les cadres et les 18-34 ans, déjà accros à leur mobile pour se déplacer au quotidien, particulièrement dans l’agglomération parisienne : ils sont ainsi 69% à avoir déjà utilisé une application les aidant à se situer où à trouver leur chemin, 63% à consulter leur mobile pour connaître les horaires de cinéma ou encore 57% à s’en servir pour connaître des horaires ou des plans de transports en commun. « Je suis frappé par l’importance de l’utilisation du numérique comme aide à la navigation dans la ville, alors même que l’on pense souvent que l’on fréquente surtout des espaces familiers et habituels », commente Jean-Pierre Orfeuil. De même, le fait que les principaux lieux de consommation de wifi soient « des lieux privés comme les hôtels et cafés », interpelle l’urbaniste : « la ville a manifestement un effort à faire pour devenir « hospitalière », et pour que ne vienne pas s’ajouter à la fracture numérique une fracture économique liée au coût de la fréquentation de ces lieux privés », pointe-t-il du doigt.

Train, métro, voiture, vélo : des nouveaux services pour plus de mobilité

Au-delà du wifi qui facilite la connectivité des usagers de la ville, les transports, moelle épinière des espaces urbains, s’acoquinent de plus en plus avec le numérique afin de proposer de nouveaux services qui promettent aux voyageurs plus de mobilité. Ainsi, l’application « SNCF direct » permet à l’utilisateur de consulter le trafic des trains en France en temps réel, de recevoir une alerte en cas de perturbation sur son trajet habituel, tout en prévoyant un itinéraire ou en pouvant réserver ses billets depuis son smartphone. Autant de possibilités nouvelles qui répondent à des usagers qui, selon Jean-Pierre Orfeuil, « ne supportent plus, notamment en Île-de-France, les incidents, retards, irrégularités pour lesquels il ne suffit plus pour l’opérateur de s’excuser. » Être informé de tout, partout, en temps réel : le « e-transport » fluidifie les déplacements et facilite le quotidien des usagers.

Et les transports en commun ne sont pas les seuls concernés. Ainsi, Claire Martin, directrice de la responsabilité sociale chez Renault, rappelle que les véhicules sont de plus en plus connectés, à la fois à leur environnement mais également aux autres véhicules : « Plus l’ensemble des usagers de la ville reçoivent des informations fiables et mises à jour en temps réel sur l’état du trafic dans et autour des villes, mieux le trafic est régulé ». « Nous savons déjà que les informations qui arrivent aux usagers lorsqu’ils sont dans leur voiture les calment et leur permettent de prendre leur mal en patience : c’est un facteur de sécurité très important », explique-t-elle.

Trouver la combinaison de transports idéale

Autre dimension de la connectivité des transports, se pose l’enjeu de la multimodalité, à savoir la connexion entre différents modes de déplacement. Les usagers modernes doivent en effet pouvoir voyager en combinant les transports, tout en s’organisant à partir de leur smartphone : arriver à la gare en bus pour ensuite rejoindre son domicile en voiture par exemple. « On voit désormais des applications se mettre en place avec l’autopartage, le covoiturage, tout ce qui tourne autour de ce que nous appelons "la logistique du dernier kilomètre", aussi bien pour les personnes que pour les biens. D’où le travail sur des plates-formes qui permettraient par exemple de réserver un billet de train, puis une voiture qui nous attend directement à la gare où l’on arrive », explique Claire Martin. Certaines applications qui vont en ce sens rencontrent d’ores et déjà le succès, comme celles permettant aux usagers de trouver une place de parking en temps réel, que ce soit pour leur voiture en copartage (comme autolib’), pour leur vélib’ ou leur propre véhicule. Selon l’enquête Orange-Terrafemina, 57% des Français se disent ainsi intéressés par la possibilité de pouvoir consulter en temps réel depuis leur smartphone ou tablette les places de stationnement disponibles pour voitures, motos ou scooter.

Le « quotidien à distance » se développe, la ville s’équipe

Au-delà du volet transport, la ville connectée concerne tous les aspects du quotidien de ses habitants, et notamment leur vie professionnelle. Mobilité et travail font peu à peu bon ménage : pour le sociologue Bruno Marzloff, qui parle de « quotidien à distance », « "le travail mobile", ou télétravail pour certains, mobilise les technologies et peut à l'occasion épargner des déplacements motorisés stressants ». Ainsi, plus d’un tiers des personnes interrogées (34%) se disent intéressées par la mise à disposition dans les villes de centres de télétravail équipés pour pouvoir travailler « à son rythme » et à distance. Un « très bon score » selon Cécilia Durieu, cofondatrice de Greenworking, cabinet de conseil spécialisé dans le développement du télétravail, pour qui cela révèle un fort potentiel de développement du travail dans les télé-centres et autres tiers lieux de travail.

Pour répondre à ces nouveaux usages et exigences, la ville s’équipe peu à peu. Au-delà des espaces dédiés au travail que l’on peut désormais trouver dans les gares, bornes multimédias, panneaux interactifs, abribus connectés qui affichent l’information en temps réel, boîtes aux lettres de la Poste connectées : le mobilier urbain devient intelligent et numérique. Autant de nouvelles possibilités de connectivité qui intéressent les Français : 63% sont séduits par l’idée de bornes librement utilisables permettant de téléphoner, de recharger des appareils électroniques ou des véhicules électriques (70% pour les possesseurs de tablettes). Ils sont 58% à être intéressés par l’utilisation de bornes multimédias librement utilisables par tous pour chercher et échanger de l’information (mails, systèmes de chat, moteur de recherche, plans des villes…).

Le numérique au visage humain

Alors, la ville de demain est-elle amenée à être tout numérique aux dépens de l’humain ? Pour Jean-Pierre Orfeuil, l’équilibre est à trouver. « En urbanisme, l’évocation des "smart cities" renvoie à un imaginaire de modernité. C’est un imaginaire assez paradoxal où des automatismes "a-humains" sont au service du confort et de l’humanité de la ville ». De même, le principe de l’open data qui régule petit à petit la smart city instaure de nouvelles formes de dialogue entre les usagers. Si ce concept, qui consiste à rendre publiques des données qui jusque-là étaient confidentielles, via les administrations, collectivités ou encore les usagers eux-mêmes, reste flou pour beaucoup, il n’est pas sans séduire nombre de Français. Ainsi, alors que seuls 28% des personnes interrogées disent avoir entendu parler de l’open data, 47% d’entre eux affirment en avoir une image « plutôt bonne ». Et depuis quelques années, les projets de services innovants liés à l’Open data fleurissent. Vers une ville plus transparente, où l’information circule de façon aussi fluide que les usagers : la smart city n’a pas fini de nous servir … et de nous surprendre.

*L’institut CSA a réalisé pour Orange et Terrafemina la 14e vague d’un baromètre portant sur les pratiques des Français sur Internet. Cette vague s’est intéressée plus précisément aux pratiques numériques dans la ville. 1 000 personnes âgées de 18 ans et plus ont été interrogées en ligne du 29 au 31 octobre 2012. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge et catégorie socioprofessionnelle après stratification géographique par région de résidence.

Retrouvez les résultats complets du sondage réalisé par l'institut CSA pour l'Observatoire Orange-Terrafemina

Crédit photo : iStockphoto

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