Les femmes passent en moyenne 5 heures par semaine sur les sites de e-commerce, elles représentent 57% des utilisateurs de Facebook, et la moitié des utilisatrices de mobile sont équipées d’un smartphone. Si les femmes se sont largement emparées du digital pour orchestrer leur quotidien, qu’en est-il du côté de leur vie professionnelle ? Comment le digital a-t-il intégré la vie des femmes actives ? C’est la question posée par une étude CSA pour l'observatoire Orange-Terrafemina à l’occasion de la première Journée de la Femme digitale.
L’utilisation d’Internet, des messageries électroniques, des réseaux sociaux, des tablettes tactiles, des logiciels de création ou de partage, représentent pour les femmes comme pour les hommes autant d’outils appréciés dans le contexte professionnel. Un quart des actifs Français utilisent une messagerie instantanée dans le cadre de leur travail (Facebook, Skype, Messenger), 17% pratiquent la vidéo-conférence, 14% sont inscrits sur un réseau social professionnel type Viadeo ou Linkedin, et 12% se servent d’une tablette tactile dans le cadre de leur travail. De même, hommes comme femmes, les sondés considèrent que l’ensemble de ces solutions digitales impactent positivement leur travail, en particulier concernant l’efficacité des tâches effectuées : « la rapidité du travail » (71%), « la qualité du travail » (61%), et « la créativité et la capacité d’innovation » (58%). « Le numérique permet des gains de productivité énormes dans les entreprises, confirme Sophie Delmas, responsable de projet RH 2.0 chez BNP Paribas, la communication est fluidifiée et les projets avancent beaucoup plus vite, on estime qu’on peut gagner au moins deux mois sur un projet de six mois ».
Mais cette accélération de rythme est-elle forcément bien perçue par les collaborateurs et collaboratrices ? Alors que les experts en ressources humaines commencent à alerter sur les dangers de « l’infobésité », comprenez, la surcharge d’informations apportées par Internet et notamment la difficulté de gestion des boîtes mails, les actifs interrogés, et en particulier les femmes, se montrent plus critiques sur les effets du digital dans trois domaines : 39% des femmes actives (contre 33% des hommes) pensent que le digital nuit à la concentration des salariés, 41% des femmes actives (contre 39% des hommes actifs) estiment que les outils numériques nuisent à l’équilibre vie professionnelle/vie privée, 39% des femmes et 45% des hommes actifs pensent que le digital augmente le stress au travail. Un diagnostic inquiétant, qui représente « la contrepartie malheureuse du digital », selon Sophie Delmas : « Nous sommes dans un rythme de travail qui incite au zapping, et qui fait qu’on ne sait plus réfléchir à moyen ou long-terme, parce qu’on est dans la réactivité permanente. » D’où la nécessité d’un management éclairé sur ces questions, et d’une formation des collaborateurs à l’utilisation de ces outils. Certaines entreprises ont déjà commencé, en instaurant une journée sans emails ou des horaires de coupure des boîtes de réception…
Les enjeux sont donc nombreux pour les entreprises qui veulent intégrer au mieux les outils numériques auprès de leurs collaborateurs sans nuire à la qualité de leur travail et à leur bien-être. Et si les femmes se montrent un peu plus inquiètes que les hommes, elles sont aussi plus timides pour adopter certaines pratiques numériques. Par exemple, seules 9% des actives interrogées utilisent une tablette tactile dans leur vie professionnelle, contre 15% des hommes, et 17% sont familières de blogs d’entreprise contre 22% des hommes. Selon une autre étude menée en octobre 2012 par Linkedin, les femmes représentent 37% des utilisatrices de ce réseau social professionnel, face à 63% d’hommes. Elles ont pourtant tout à gagner à travailler leur visibilité numérique, comme le préconise Muriel de Saint-Sauveur, directrice de la diversité du groupe Mazars : « le Web est un outil d’égalité hommes-femmes, les stéréotypes n’y sont pas enracinés, il n’y a pas de terrain réservé aux hommes, et les femmes y jouissent d’une totale liberté de parole. » C’est également l’une des conclusions de l’étude qualitative de notre observatoire : « le digital offre un nouveau porte-voix aux femmes ».
Et dans ce nouvel espace d’émancipation, elles sont plus que jamais appelées à voler de leurs propres ailes. Si 61% des femmes actives estiment que le numérique peut faciliter leur évolution professionnelle, elles ne représentent que 25% des effectifs de ce secteur, et 10% des dirigeants d’entreprises innovantes nouvellement créées. Une récente étude américaine a montré que les femmes sont à l’origine de seulement 3% des entreprises dans le secteur des technologies. « Le digital représente pourtant une chance pour les femmes », nous confie Julia Roubaud ex consultante en médias sociaux et créatrice d’entreprise sur le Web, « c’est un secteur ultra-dynamique où l’on est entouré de talents bienveillants. On est stimulé en permanence par un réseau d’hommes et de femmes, sans qu’il y ait aucune condescendance d’un sexe vis-à-vis de l’autre. » Le digital, moteur d’une parité décomplexée ? Delphine Rémy-Boutang, co-fondatrice avec Catherine Barba de la Journée de la femme digitale, en est persuadée : « Nous voulons jeter les bases d’un nouveau paysage de l’entrepreneuriat dans les nouvelles technologies, et inciter les femmes à oser ! »
*Sondage exclusif CSA / ORANGE / TERRAFEMINA réalisé en ligne du 12 au 14 février. Echantillon national représentatif de 803 personnes actives occupées et âgées de 18 ans et plus, constitué d'après la méthode des quotas (sexe, âge, profession du répondant), après stratification par région et catégorie d’agglomération.
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