Combien de stars ont fait la Une après avoir annoncé, photo à l’appui, la naissance de leur enfant sur Twitter ? Shakira, le 22 janvier dernier, publiait sur Twitter la première photo de son fils Milan avec ce message : « Nous sommes heureux d’annoncer la naissance de Milan Piqué Mebarak ; fils de Shakira Mebarak et Gérard Piqué, né le 22 janvier à 21h36 à Barcelone, en Espagne ». Twitter pour remplacer le faire-part ? Si la naissance d’un enfant est certainement l’événement par excellence que n’importe quel parent souhaite crier sur tous les toits, le phénomène ne s’arrête pas là.
Selon l’étude menée par le groupe Currys & PC World, au Royaume-Uni, près d’un bébé sur huit aurait un compte Twitter ou Facebook à son nom. Les parents seraient ainsi de plus en plus nombreux à créer une identité numérique à leur progéniture dès le plus jeune âge, et même avant que celle-ci ne dispose d’un acte de naissance pour 4% des couples. Quelques mois avant la naissance, l’échographie fera office de photo de profil pour le fœtus connecté, jusqu’à ce que l’album complet du jour J vienne remplir la timeline…. En France, on estime que 5% des bébés ont un compte Facebook, et 7% une adresse email.
L’adoration des parents pour leur bambin irait-elle trop loin ? Selon la même étude, un couple sur dix estime que la première photo de leur enfant est plus importante que la première pesée… Envoyée par SMS aux proches ou publiée directement sur Internet, cette photo n’est après tout que la première d’une longue série sur les réseaux sociaux.
Ces nouveaux réflexes témoignent de la confiance des parents dans ces services et dans Internet. Pourtant, des spécialistes s’inquiètent de la place donnée à l’image dans la vie des jeunes enfants, chez les petites filles notamment. La psychologue Béatrice Copper-Royer mettait en garde les parents, dans une interview à Terrafemina, contre l'« hypernarcissisation » des jeunes filles, expliquant que « les réseaux sociaux les renvoient à leur image : elles publient notamment beaucoup de photos d’elles ; Il y a donc un risque d’excès et dans le même temps peu de limites. Du coup, on assiste à des dérapages avec des filles qui s’exhibent sur Internet alors qu’elles ne le feraient pas devant leurs copains. Avec l’écran, le rapport à l’intimité et à la pudeur est donc bafoué. » Difficile de poser des limites au moment de la pré-adolescence dès lors qu’on a mis en scène la vie de son enfant sur Internet avant ses quatre ans.
Pour Jacques Henno, auteur du livre « Facebook et vos enfants », il faut développer un « discours de prévention » auprès des parents, au sujet des photos qu’ils publient : « Facebook est avant tout une entreprise commerciale qui cherche à utiliser nos données et donc à nous en faire dire toujours plus sur nous-mêmes. Et cela afin de vendre de la publicité toujours plus ciblée ». Celui-ci conseille aux parents de « googliser » régulièrement leur enfant, pour voir si des informations ou des photos ont filtré.
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