Réserver un week-end en Sicile en amoureux, planifier l’itinéraire d’un road trip en famille sur la côte-ouest des Etats-Unis, préparer un voyage de noces inoubliable aux Philippines, dénicher un mas en Provence pour des vacances entre amis : en quelques clics, l’internaute peut désormais se transformer en tour-opérateur tout terrain, capable d’organiser comme un expert des vacances sur-mesure, qui lui ressemblent. Bienvenue dans le e-voyage, où Internet et les nouveaux outils digitaux sont autant de portes ouvertes pour un tourisme simplifié, transparent et dont les acteurs principaux sont les voyageurs eux-mêmes. Car Internet s’est en quelques années imposé dans les réflexes des Français qui sont, selon l’étude CSA pour l’Observatoire Orange-Terrafemina*, 69% à passer par la Toile pour organiser leurs vacances. Des nouvelles pratiques, autant plébiscitées pour leur prix (qui est le premier critère de choix pour 72% des Français) que pour l’immense choix qu’elles proposent aux internautes. Plus besoin d’intermédiaire, ultra connecté et ultra informé, l’internaute voyageur a désormais toutes les cartes en main.
Quels sont les clefs pour le séduire ? Au-delà du prix et des offres proposées, le voyageur est de plus en plus attentif aux photos et vidéos disponibles en ligne. Ils sont ainsi 33% à estimer que « le fait de pouvoir se faire un avis avec des photos ou vidéos » est l’un des atouts essentiels du Web. Et les femmes sont même 41% à être attentives à cet aspect visuel. « On se dirige vers des contenus moins institutionnels, plus humains, qui sont pris sur le vif, avec un iPhone par exemple. Pour attirer les internautes, il faut leur proposer des contenus auxquels ils peuvent s’identifier », analyse Nicolas de Dianous, directeur associé de We like travel. Face à des voyageurs plus exigeants, les professionnels du secteur s’adaptent donc, en assurant également plus de transparence et de compétitivité : il est loin le temps de l’obscurantisme, où seuls les tour-opérateurs avaient les informations et la capacité à comparer les offres. Désormais, 57% des vacanciers ont l’habitude d’utiliser des comparateurs pour s’assurer de bénéficier des meilleures opportunités que peut leur offrir le Web. Et une chose est commune à ces voyageurs ultra-connectés : la notion de bon plan est aujourd’hui essentielle. On veut des bons prix, mais surtout la certitude que pour un budget donné, on a fait une bonne affaire.
Autre grand atout d’Internet : les avis de consommateurs, clef de voûte désormais incontournable d’une réservation. Les sondés le confirment : ils sont 20% à faire confiance aux avis qu’ils peuvent trouver en ligne, et chez les jeunes, ce chiffre monte même à 39%. Car tout autant que les professionnels (24%) ou les guides touristiques, désormais les voyageurs privilégient le communautaire : avis de proches (25%), de la famille ou de simples inconnus s’exprimant en lignes sont des critères de choix indispensables. D’ailleurs, l’explosion de nouveaux sites mettant en avant des communautés de voyageurs ou la multiplication d’acteurs plus anciens du secteur intégrant cet aspect communautaire répondent à ces nouvelles pratiques.
Les réseaux sociaux jouent en parallèle un rôle de plus en plus important dans ce développement des avis de voyageurs, même si, selon l’étude, « l’utilisation de réseaux sociaux dans le cadre des voyages est en revanche moins bien accueillie : seuls 12% l’ont déjà fait et 22% se disent intéressés, 61% ne l’ayant jamais fait et n’étant pas intéressés ». « Je suis persuadé que l’influence des réseaux sociaux pour la préparation des vacances est très forte : si on n’organise pas ses voyages via Facebook, en revanche on peut facilement contacter les organisateurs de voyage, les marques de tourisme pour récupérer une brochure, un conseil, un itinéraire, une question pratique. C’est une pratique qui se développe beaucoup », assure néanmoins Nicolas de Dianous. « Les proches, en postant leurs photos de voyages sur Facebook ou en partageant leurs expériences en ligne influencent les voyageurs, que ce soit par rapport à une destination, un logement… », souligne-t-il. À partir des informations glanées à droite et à gauche, et toujours inspirés par leur Lonely Planet ou Guide du routard (un Français sur dix déclare continuer à se fier à ces sources pour planifier un voyage), les touristes se font ainsi « bricoleurs », achetant leur billet d’avion sur lastminute.com, réservant leur logement sur un site d’hébergement entre particuliers comme Airbnb (40% des sondés se disent intéressés par le principe d’un site mettant en contact des particuliers pour louer des logements), repérant les bonnes adresses de restaurant à ne pas manquer avant de partir sur les forums spécialisés et demandant leurs bons plans aux communauté de voyageurs aguerris en ligne.
Autre catégorie de e-voyageurs : les nouveaux geeks qui, dès la préparation de leur voyage, se bardent d’applications mobiles qui les aident en amont de leurs vacances à découvrir leur future destination ou hébergement. Mobile dans une main, tablette numérique dans l’autre, ces e-touristes ultra connectés ont du mal à décrocher et conservent leur Smartphone durant leurs vacances. Ainsi, 39% des Français confient utiliser un mobile pendant leurs vacances. Un chiffre qui atteint même 64% chez les cadres et 59% chez les 18-24 ans. Car s’il est surinformé, le e-touriste n’hésite pas non plus à improviser en surfant pendant ses vacances : il organise ainsi son voyage en live, profitant d’être hyper connecté pour faire évoluer son périple en temps réel. Géolocalisation, réalité augmentée, applications touristiques permettant de découvrir une ville à travers des QR codes disséminés sur les bâtiments historiques et dans les rues typiques : le Smartphone se transforme en compagnon de voyage indispensable, aussi bien pour réserver un restaurant ou un hôtel à la dernière minute, que pour glaner des informations en temps réel, comme avec un guide touristique. Certains offices du tourisme ont d’ores et déjà compris les potentialités offertes par les Smartphones. Ainsi, la ville Hong-Kong propose une application qui permet de découvrir la cité selon plusieurs thématiques, avec des parcours piétons et un guide virtuel, délivrant histoire et anecdote.
Guide touristique donc, mais aussi outil de partage, le mobile permet aux « m-touristes » de poster en temps réel des photos de leurs vacances sur les réseaux sociaux ou encore de se géolocaliser sur une plage du bout du monde ou dans un aéroport, type de notifications qui font régulièrement des envieux sur les réseaux sociaux. « Je distinguerais deux catégories de voyageurs qui utilisent leur mobile », analyse de son côté Olivier Grémillon, Directeur général France d’Airbnb. « Il y a d’une part les gens qui voyagent dans leur propre pays, et qui utilisent beaucoup leur Smartphone, principalement pour les outils de géolocalisation, les google maps, mais aussi la recherche de restaurants, les réservations de dernière minute, etc. », décrit-il. « Et puis il y a ceux qui voyagent en dehors de leur pays : les coûts de roaming sont alors importants, quiconque s’est déjà connecté pendant ses vacances en dehors de la France l’a certainement senti passer sur sa facture… C’est le frein principal aux connexions pendant les vacances et il y a encore de gros efforts à faire de la part des opérateurs pour que ces connections se développent ». Reste que les voyageurs sont de plus en plus friands de sites et applications qui leur permettent de raconter en temps réel leur itinéraire, de poster des photos d’un coucher de soleil ou de la dégustation d’une caïpirinha les doigts de pieds en éventail. Les globe-trotteurs peuvent ainsi réaliser leurs carnets de voyage virtuels avec le site Libertrip par exemple, un réseau social du voyage qui permet de pointer sur une carte les trajets que l’on a déjà effectués en y ajoutant anecdotes, photos, avis, et recommandations. Autant d’informations que l’on peut ensuite partager avec la communauté. Les voyageurs deviennent ainsi de vrais ambassadeurs des destinations et des hébergements qu’ils testent et une fois encore, d’égal à égal avec les professionnels du secteur, s’imposent comme experts.
* L’institut CSA a réalisé pour Orange et Terrafemina la 16e vague d’un baromètre portant sur les pratiques des Français sur Internet. Cette vague s’est intéressée plus précisément au développement du e-tourisme. 711 internautes français étant partis en vacances l’année dernière** ont été interrogées en ligne du 19 au 21 mars 2013, issus d’un échantillon national représentatif de 1001 internautes français âgés de 18 ans et plus. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : sexe, âge et catégorie socioprofessionnelle après stratification géographique par région de résidence.
* Ces personnes ont été sélectionnées selon leurs réponses à la question suivante : Au cours des 12 derniers mois, êtes-vous déjà parti de votre lieu de résidence habituel pour au moins 4 nuits consécutives, pour vos loisirs ?
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