Marie-Thérèse Giorgio est médecin du travail, fondatrice du site atoutsante.com et présidente de l’association Médecins Maîtres-toile, cercle de médecins qui publient de l’information dans le domaine de la santé sur leurs 110 sites internet, leurs blogs, et sur les réseaux sociaux.
Marie-Thérèse Giorgio : C’est une bonne façon de se faire une idée sur le diagnostic et de favoriser la discussion avec son médecin : c’est un travail intéressant pour les professionnels de santé. Le patient cerne mieux sa pathologie, il se familiarise avec certains termes, cela enrichit l’échange. D’ailleurs votre sondage montre que cela n’entrave pas vraiment la confiance dans le médecin (Parmi ceux qui vont chercher des informations médicales sur Internet, 68% déclarent faire confiance aux médecins, ndlr.)
M.-T. G. : En effet je me mets dans la peau de l’internaute à 21h devant le journal télévisé traitant de l’affaire du Médiator, des médicaments interdits… Il est normal de vouloir aller sur Internet avant de pouvoir en parler à son médecin. Le corps médical est d’ailleurs très sollicité en ce moment sur ces sujets, et dans ces situations les sites officiels comme celui de la Haute Autorité de Santé (HAS) méritent d’être consultés.
M.-T. G. : L’information sur Internet est très généraliste, le problème est de savoir la décliner sur son cas. L’internaute doit apprendre à regarder sur quel site il se trouve. A nous aussi, médecins, de diffuser des articles de qualité : c’est l’ambition de l’association Médecins Maîtres-Toile qui regroupe des médecins intéressés par le partage sur Internet. J’ai lancé mon site de médecine du travail Atoutsante.com parce que je voyais beaucoup de bêtises écrites sur les forums, et des gens qui ne trouvaient pas de réponses à leurs questions. Doctissimo a le mérite de proposer beaucoup d’informations accessibles. Ce qui nous gêne c’est la publicité et les pop’up : nos sites sont indépendants de toute publicité, et vu le contexte actuel, c’est notre point fort. Ils sont aussi certifiés par le label HON Code (Health on the net), c’est-à-dire qu’ils remplissent les critères d’une charte de qualité précise.
M.-T. G. : Ces consultations en ligne - validées par décret en octobre 2010, ndlr- ne sont pas encore en place, il est donc difficile de demander aux gens de juger. Mais il y a beaucoup d’applications intéressantes, par exemple pour réajuster une posologie suite à une première consultation et une fois le diagnostic posé. En Suède, les consultations de psychiatrie en ligne existent depuis 15 ans, à cause des difficultés de déplacement en hiver. C’est un vaste champ qui s’ouvre et qui s’appliquera plus ou moins bien selon les disciplines.
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