Après 11 ans d’expérience en médecine générale, le Dr. Stéfan Darmoni s’est spécialisé dans l’informatique de santé. Il est actuellement responsable des Technologies de l’Information et Communication & Bibliothèque médicale au CHU de Rouen, réputé pour être un pionnier de l’Internet médical. Stéfan Darmoni enseigne également l’informatique médicale à l’Université de Rouen. Il est notamment membre la Commission Qualité de l'Information, Haute Autorité de Santé, depuis 2007. Il a également publié plusieurs ouvrages dont « Le guide internet de la Santé ».
Dr. Stéfan Darmoni : Certainement, je ne cesse de le répéter. Les institutions et les grandes agences de santé n’investissent pas assez sur leurs sites Internet, ils accusent un retard dramatique. Depuis 16 ans nous travaillons sur le site du CHU de Rouen, mais c’est un site comme Doctissimo qui attire le public. Sans doute grâce à une présentation plus attrayante et des rubriques qui débordent du cadre de la médecine, comme le bien-être. Mais ce portail est purement commercial, tout ce qu’on peut reprocher à l’industrie pharmaceutique s’applique à ce type de site. L’information n’y est pas de bonne qualité parce qu’elle est biaisée, et n’a pas une origine institutionnelle.
Dr. S. D : Oui, clairement, car le forum c’est la langue des autres, donc le meilleur et le pire. En revanche j’ai été surpris par les réponses des jeunes à ces questions : parmi les 18-24 ans, 61% ont consulté Internet pour savoir comment se soigner, et 28% recherchent des informations médicales sur le net pour éviter de payer le prix d’une consultation. Certes c’est une génération plus à l’aise avec le numérique, mais je trouve ce souci économique très inquiétant.
Dr. S. D. : Le dossier médical personnel est un très bon outil pour le suivi des patients, encore faut-il qu’il soit bien organisé. Si un médecin n’a accès qu’à la moitié des informations parce que le patient a refusé d’en communiquer certaines, cela peut devenir dangereux. Concernant la consultation en ligne, il est logique que la plupart des gens n’y soient pas favorables, mais les personnes âgées malades vivant à plus de 15km du premier médecin ne pourront que plébisciter cette solution, comme ils ont accueilli les systèmes d’alerte et de surveillance par téléphone.
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