« Rien n’empêche Netflix de venir en France », c’est ce qu’a déclaré la ministre déléguée à l’Economie numérique lors d’une conférence de presse. Suite à sa rencontre mardi avec Reed Hastings, PDG du site américain de SVoD (vidéo à la demande avec abonnement) en marge du CES 2014, Fleur Pellerin est revenue sur l’implantation possible de la plateforme américaine en France. Elle a toutefois rappelé « un certain nombre de prérequis pour une bonne installation des services de Netflix ». Mais ces conditions, qui s’inscrivent dans le cadre règlementaire, ne sont selon la ministre « pas si problématiques qu'on le laisse entendre parfois ».
Or, pour Matthieu Soulé, analyste stratégique à l’Atelier BNP-Paribas : « Beaucoup de questions se posent encore face à une législation française particulière. Surtout que le succès de Netflix en France est loin d'être garanti », comme il révèle au Nouvel Observateur. La question de la chronologie des médias, évoquée par la ministre, est principalement dans le viseur. Cette loi conditionne en effet la sortie des DVD et des Vod, ceux-ci ne pouvant être mis à la vente ou diffusés que quatre mois après la sortie en salles du film et le temps d’attente atteint 36 mois pour une SVoD . « La seule solution pour Netflix serait un changement de réglementation », estime Matthieu Soulé. Une modification qui ne pourra « intervenir qu'avec l'association d'un important opérateur local, comme Orange ou Free, et avec l'appui des pouvoirs locaux. »
Autre frein à l’implantation de la plateforme : le prix. Certes, 7,99 euros d’abonnement par mois ce n’est pas onéreux mais quand on prend en compte que l’abonnement Internet propose déjà un large choix de chaines et de vidéos Vod, ce n’est pas non plus négligeable. Par ailleurs, la taxe pour la création française et les impôts locaux pourraient aussi refroidir la volonté des dirigeants de Netflix. D’autant plus que pour l’instant les locaux européens sont situés au Luxembourg et échappent donc à une fiscalité trop contraignante.
Au vu de toutes ces conditions, l’installation en France de la plateforme américaine est-elle réellement intéressante pour l’entreprise ? Pour Matthieu Soulé, si « l’installation s’annonce complexe », il convient aussi de rappeler que « le marché français est un incontournable européen, ne serait-ce que pour l’importance de son cinéma ». Un plus pour la société qui est attendue en France dans les 6 prochains mois.
Manon Adoue