Comment deux gamins de 23 et 25 ans sont-ils parvenus à déstabiliser Mark Zuckerberg lui-même ?
Lorsque Evan Spiegel s'intéresse au partage de photos sur les réseaux sociaux, Facebook est encore le leader en la matière. Seulement, à Stanford, où étudie Spiegel, les étudiants commencent à se plaindre du fait de ne pouvoir effacer une photo d'eux (éméché, en petite tenue, ou en tous cas compromettante).
Avec son comparse Bobby Murphy, ils imaginent alors une appli capable de partager des photos qui s'autodétruisent au bout de 10 secondes. On est en 2011 et le phénomène des selfies prend de l'ampleur. Quelques stars et hommes politiques se sont fait prendre en flagrant délit de partage de photos hots sans avoir pu récupérer le cliché parti vadrouiller sur la toile. L'appli des deux étudiants tombe à pic.
Côté Facebook, après des années de succès, on fait grise mine. Les adolescents quittent peu à peu le réseau. Avec une moyenne d'âge de ses utilisateurs (ou plutôt utilisatrices, puisque 70% des Snapchateuses sont des femmes) inférieure à 25 ans, Snapchat plaît à Zuckerberg, qui en propose alors 3 milliards de dollars à Spiegel. Une somme faramineuse pour un jeune homme de 23 ans.
Contre toute attente, Spiegel refuse poliment. "Très peu de personnes ont la chance de construire une entreprise comme la nôtre. La céder pour un gain à court terme ne me semble pas très intéressant", avance le jeune patron. Croyant à un coup de bluff, Google lui offre, lui, 4 milliards de dollars pour racheter Snapchat, et essuiera également un refus poli.
Si beaucoup considèrent que Spiegel fait erreur en refusant de telles sommes pour une appli qui peut paraître inutile, les chiffres, eux parlent. Aujourd'hui, 400 millions de photos sont échangées quotidiennement sur Snapchat dans le monde. Sur Facebook, elles sont 350, et 50 sur Instagram.