Parfois, la course aux brevets vire à l'absurde. Amazon, connu pour vendre des milliers de produits à travers le monde, a déposé, en 2011, une demande de licence auprès de l'USPTO (le bureau américain des brevets et des marques, Ndr) afin de s'arroger le droit exclusif de pouvoir faire des photos sur fond blanc. Révélée par le site américain Gizmodo, qui soulignait le caractère délirant du brevet déposé, l'information a immédiatement suscité une vague d'indignation sur les réseaux sociaux. La compagnie américaine peut-elle s'immiscer autant dans nos vies quotidiennes et empiéter ainsi sur nos libertés ?
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Intitulé « Studio Arrangement », ce document décrit minutieusement sur cinq pages l'ensemble du processus pour effectuer une photo « parfaite » selon les standards d'Amazon. Et est censé empêcher quiconque, sans autorisation de la société, d'effectuer le même cliché. Cette liste est tellement détaillée qu'elle confine à l'aberration lorsque le géant du web précise même le type d’objectif (85 mm), l’ouverture (environ ƒ5.6) et la valeur ISO (environ 320) de l'appareil photo pour réussir l'ultime cliché.
Mais ça n'est pas tout, puisque le placement exact de l'objet, de l'appareil photo, de la source lumineuse, ainsi que l'ordre opératoire sont également stipulés. Si l'on suit la logique jusqu'au bout, pour « commettre » une photo « Amazon », il faudra, au préalable, allumer des projecteurs situés derrière l'appareil photo, puis d'autres placés devant, pour ensuite positionner le sujet sur une plateforme surélevée et capter l’image. Tout un protocole…
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Dès lors, comment Amazon peut-il justifier un tel brevet ? Le géant du web affirme, lui, vouloir protéger la technique « la plus pure des plus pures ». Une déclaration, inclue dans ledit brevet, des plus ambigües et donc, propice à toutes les interprétations. Des intentions qui demeurent un mystère et une question tenace : comment l'USPTO a pu valider un tel brevet ? Ne prend-t-elle le risque d'entraîner Amazon dans les mêmes travers que ceux rencontrés par Apple et Samsung lors de leur bien pathétique guerre des brevets ?
Reste qu'il est peu crédible que le e-commerçant fasse interdire des photos d'objets pris devant un fond blanc. Comme le note justement Gizmodo, « ce brevet se révélerait de toute façon inapplicable tant les critères sont spécifiques ». La polémique a pourtant ceci de bon qu'elle souligne ô combien concurrence économique et libertés individuelles sont loin de faire toujours bon ménage.