Alors que depuis plusieurs mois l’industrie du jeu vidéo fait davantage parler d’elle à cause du sexisme qui la gangrène que grâce à la sortie de nouveaux produits, la Suède a décidé de s’emparer du problème. En effet, le Dataspelsbranchen, le syndicat suédois du jeu vidéo, envisage de créer un label anti-sexiste qui serait apposé sur les pochettes sous certaines conditions.
Cette initiative fait suite au débat sur le sexisme dans ce milieu qui, ces dernières semaines, avait obligé certaines spécialistes ayant osé s’exprimer sur le sujet à quitter leur domicile par peur d'être physiquement agressées. Associé au mot-clé #GamerGate sur Twitter, les discussions, très virulentes, avaient notamment pris à partie Anita Sarkeesian de FeministFrequency.com, ouvertement critique sur la façon dont les femmes sont présentées dans les jeux vidéo. « Travailler dans le jeu vidéo, cela signifie que vous avez la possibilité de développer des produits qui sont divertissants, qui provoquent des émotions chez le joueur et la plupart du temps, apportent de la joie à beaucoup de gens. Le sexisme, les menaces et la haine sont l’exact contraire et n’ont pas leur place dans notre industrie », avait réagi le syndicat, dans une tribune collective publié en octobre sur le site local SvD.
La Suède, souvent prise en exemple sur tout les sujets relatifs à l’égalité entre les hommes et les femmes, vient donc de trouver son nouveau cheval de bataille. Inspiré du test de Bechdel-Wallace visant à épingler le sexisme dans le cinéma ou la littérature, le Dataspelsbranchen s’associera à des développeurs pour analyser la manière dont les femmes sont représentées dans les jeux vidéo. Pour l’heure, inutile de dire que leur image est souvent réduite à celle d’un objet sexuel ou d’une demoiselle en détresse ; quand ce n’est pas les deux. En outre, le syndicat tentera de comprendre comment les éditeurs traitent la question de l’égalité des sexes à travers leurs personnages mais aussi comment ils gèrent la parité au sein même leur entreprise.
Chef de ce projet qui constitue une première mondiale, Antonin Albiin a défendu le futur système d’évaluation à Thelocal.se. « Bien sûr, les jeux peuvent être fictionnels, mais ils peuvent être bien plus que ça. Ils peuvent aussi être une forme d’expression culturel – reflétant la société ou la société que nous souhaitons », a-t-il affirmé. Un vaste projet qui n’en est encore qu’à ses balbutiements.
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