Incontournable chez les adultes, Google pourrait bien le devenir tout autant pour nos enfants. La firme de Mountain View a confirmé son ambition de créer des produits sécurisés adaptés à un public jeune. Dans un entretien à USA Today, Pavni Diwanji, responsable du développement chez le moteur de recherche, a justifié les raisons de cet intérêt pour l'univers junior.
« Ce qui nous a motivés, c'est que, dans notre entreprise, tout le monde a des enfants », a-t-elle expliqué avant de préciser : « Nous voulons changer nos produits pour qu'ils soient à la fois amusants et sûrs pour les enfants ».
YouTube, Gmail, Google+ ou encore Chrome seront-ils repensés pour mieux s'adapter à l'utilisation que font les enfants d'internet ? C'est ce que semblent vouloir les ingénieurs de Google. Une version enfant des produits de la firme permettrait ainsi aux plus jeunes d'utiliser leur véritable identité tout en profitant d'outils adaptés à leur âge. Le projet s'apparente en ce sens à un contrôle parental version XXL applicable à tout type de supports (ordinateurs, tablettes, smartphones).
En guise d'exemple, Pavni Diwanji relate cette anecdote sur les habitudes de recherche de sa fille : un enfant qui chercherait à obtenir des informations sur un dessin animé comme « Thomas le train » pourrait n'avoir qu'à taper « train » pour accéder directement à des infos pertinentes, sans être confronté aux horaires des prochains départs de la gare la plus proche, comme le propose déjà Google.
L'initiative pose pourtant question. Si l'idée d'un environnement internet sécurisé pour les moins de 13 ans paraît séduisante, le fait que Google s'approprie un tel projet pourrait comporter des risques. Premier argument des plus sceptiques : un environnement virtuel dédié aux enfants constituerait une opportunité sans précédent pour des publicités ciblées.
D'autres observateurs y voient également un moyen pour Google de « tracer », voire fidéliser des utilisateurs depuis leur plus tendre enfance. Avoir accès à un profil précis des internautes au fil des années pourrait s'avérer dangereux.
Si Pavni Diwanji sait que le projet suscite la controverse, la responsable de Google tente de rassurer : « Nous voulons faire très attention. Il s'agit avant tout de donner les bons outils aux parents pour contrôler l'utilisation de leurs enfants ». Mais pour concrétiser leurs ambitions, les équipes de Google devront faire face à l'intransigeance des autorités américaines. Plusieurs entreprises ont ainsi déjà été condamnées au titre de la loi sur la protection en ligne des enfants, à l'instar de Yelp, condamnée en septembre 2014 à une amende de 450 000 dollars pour ne pas avoir filtré correctement l'âge d'inscription des mineurs de moins de 13 ans.
L'interview de Pavni Diwanji :