Sandrine Retailleau-Vallet : « Corps et Âmes. La passion du sport au féminin » était un ouvrage généraliste sur le sport féminin, sans lien particulier avec les Jeux Olympiques. Nous avions sélectionné des athlètes pratiquant des sports très divers, afin qu’elles présentent leur discipline, l’histoire d’amour qu’elles entretenaient avec elle et la manière dont elles s’étaient construites à travers celle-ci. Chacune s’est prêté au jeu d’une manière très personnelle. Certaines nous ont amené sur des lieux de compétition ou d’entraînement, d’autres non. Il n’y avait aucune contrainte.
A l’opposé, pour « Divines. L’olympisme corps et âmes », le fil rouge était très identifié ; il s’agissait des Jeux Olympiques. Ainsi, en référence aux JO 2012, nous avons sélectionné douze sportives qui étaient alors en phase de préparation à cet événement international. Nous les avons amenées à s’exprimer sur douze associations de mots-clés faisant référence aux sensations, aux émotions afin de savoir comment ces mots résonnaient en elles.
Mais il existe aussi un fil rouge entre les deux ouvrages : la recherche de correspondance entre le corps et l’âme dans la pratique sportive professionnelle.
S. R.-V. : Il y a plusieurs raisons. Tout d’abord, le sport féminin est un univers qui me touche particulièrement. Attention, je ne suis pas une athlète de haut niveau, simplement une passionnée. Et en tant qu’amoureuse du sport, je ressens une immense frustration quand je vois le peu d’attention à laquelle ces femmes ont droit. Elles n’ont pas la visibilité qu’elles méritent dans les médias. Je trouve dommage et déplorable que ces sportives ne soient pas sur le devant de la scène et ne bénéficient pas d’une tribune d’expression, qu’une fois tous les quatre ans, à l’occasion des Jeux Olympiques.
S. R.-V. : Le but était d’avoir des profils divers en termes de disciplines mais aussi de reconnaissance. Je voulais ainsi présenter à la fois des sportives chevronnées dont la réputation n’était plus à faire et des nouveaux talents. Nous avons donc fait une première sélection en ce sens ; le bouche-à-oreille a fait le reste.
S. R.-V. : Elles sont capables d’un travail introspectif très poussé. Pour les besoins du livre, elles se sont soumises à une vraie recherche de sensation pour savoir ce qui résonnait dans leur tête. Dès le départ, elles ont été très sensibles à cette introspection, qui a été presque naturelle. En outre, de toutes se dégageait un contraste saisissant entre la force, la détermination, la volonté, la puissance et la fragilité ; une fragilité à la fois physique et psychique.
S. R.-V. : La plupart m’ont fascinée. Toutes en fait. Mais Marie-Amélie Le Fur (athlétisme handisport) m’a particulièrement émue. Voir une athlète handisport, une jeune femme amputée d’un membre, accepter de se livrer, de montrer son corps meurtri tel qu’elle l’a fait a été un moment très fort. Son corps de femme est si atteint mais si beau et gracieux à la fois. Elle a accepté de se dévoiler avec beaucoup de naturel. Je lui en suis extrêmement reconnaissante.
La séance avec Gwladys Epangue (taekwondo) a été magique également. C’est une fille pleine de vie ; à tel point que notre entretien a duré plus de 2 heures, tant elle avait de choses à dire, à raconter. Quant à Gaëtane Thiney (football), j’ai aimé la folie qu’elle dégage et qu’elle revendique pleinement. C’est une femme qui analyse énormément tout ce qui se passe en elle ; ses émotions, ses sensations, etc.
« Divines. L’Olympisme corps et âmes », de Sandrine Retailleau-Vallet, photographies de Catherine Cabrol, aux Editions de La Martinière. 144 pages. 29 euros.
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