Culture
Rentrée littéraire 2012 : "Une semaine de vacances" de Christine Angot
Publié le 7 septembre 2012 à 12:19
Par Fanny Rivron
Dans « Une semaine de vacances » (Éd. Flammarion), Christine Angot aborde pour la seconde fois la terrible thématique de l'inceste. Un récit court et bouleversant sur un calvaire silencieux.
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Ça commence par une fellation un peu surprenante et on pourrait presque se croire débarqué au beau milieu d’un moment d’intimité banal, aussi inoffensif que ce titre : « Une semaine de vacances ». Et puis on se rappelle que ce roman, que certains disent bien au-dessus de la mêlée de la rentrée littéraire 2012, est de Christine Angot, l’auteur de « L’Inceste » (Éd. Stock 1999) et on se dit que ça ne peut pas être aussi simple. Surtout que la scène dure, et longtemps, cinq pages puis dix pages de sexe ininterrompu, entre « lui » qui dirige tout et « elle » qui obéit et ne dit rien ; et le malaise s’installe. D’autant que « lui » n’hésite pas à évoquer une autre de ses amantes, Marianne, une étudiante à Sciences Po, puis sa femme, vantant tour à tour la bouche de l’une et les fesses de l’autre. Un malaise qui se transforme bien vite en effroi quand on découvre au détour d’une ligne qu’elle est en train de lire « Chiens perdus sans collier » de Gilbert Cesbron, et les « Six compagnons » de Paul-Jacques Bonzon, puis qu’il est son père.

« Donner aux mots toute leur puissance explicative et figurative »
Christine Angot reprend donc dans « Une semaine de vacances » le motif de l’inceste, dans un récit d’autant plus insoutenable qu’il est rédigé sans l’intervention du moindre jugement du narrateur, qui ne fait qu’exposer, d’une manière aussi crue que neutre les minutes interminables du supplice de l’héroïne. D’une traite, on vient à bout de ce court roman, que l’auteur aurait écrit « comme on prend une photo, sans respirer, sans prendre le temps de souffler. En cherchant la précision, en captant l’instant et le mouvement. » Une précision telle qu’on se croit nous aussi présent dans cette chambre, témoin impuissant de l’ignominie.

On ne reprend vraiment souffle qu’à la toute dernière page du roman lorsque, pour une broutille, « il » abandonne brusquement sa fille sur un quai de gare. « Son train arrive dans trois heures. […] personne n’attend aussi longtemps qu’elle. […] Heureusement qu’à ses pieds elle a son sac de voyage, qui est la seule chose familière de toute la gare. Elle le regarde. Et elle lui parle. ». Voir parler - même de façon aussi dérisoire - celle qui est restée muette pendant tout le récit délivre et donne un peu d’espoir.

« Une semaine de vacances » de Christine Angot, Éditions Flammarion, 14€.


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