Filigrane, l’une des principales librairies francophones de Belgique, refuse de vendre le pamphlet polémique de Richard Millet, qui fait l’éloge d’un point de vue purement littéraire de la tuerie d’Utoya perpétrée par Anders Breivik en 2011, où 77 victimes ont trouvé la mort. Si l’auteur français et éditeur chez Gallimard réfute tout racisme dans son ouvrage en se défendant d’avoir « fait un travail d’écrivain », Marc Filipson, le patron de Filigrane, ne partage pas ce point de vue. Pour lui, l’apologie que fait Richard Millet de la violence d’Anders Breivik, « un enfant de la ruine familiale autant que de la fracture idéologico-raciale que l'immigration extra-européenne a introduite en Europe » selon l'auteur, « va trop loin ».
Les 15 000 abonnés Facebook de la librairie Filigrane ne sont pas tous d’accord avec cette décision, publiée directement sur le réseau social : « Nous saluons, à l'instar de dizaines d'auteurs, l'article d'Annie Ernaux dans Le Monde, qui dénonce, notamment, des propos qui exsudent le mépris de l'humanité et font l'apologie de la violence au prétexte d'examiner, sous le seul angle de leur beauté littéraire, les actes de celui qui a tué froidement, en 2011, 77 personnes en Norvège ». Certains lecteurs craignent en effet que ce boycott ne fasse de la publicité gratuite à l’ouvrage en le mythifiant.
Laure Gamaury
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