Elles avaient des pantalons sous leurs jupes, employaient le mot « affligé » à l’âge de huit ans et devenaient « bonnes » pour peu qu’elles aient de bonnes fréquentations. Complètement cucul, mortellement moralisateur, on adorait la comtesse de Ségur. Dix ans plus tard, on se dit que ces historiettes pleines de bons sentiments chrétiens et où l’on prône les châtiments corporels et autres humiliations déculottées ne sont peut-être pas la meilleure chose à faire lire à nos (futurs) enfants.
Même combat : Les onze tomes de La Petite Maison dans la prairie de Laura Ingalls Wilder et l’inégalable Les quatre filles du docteur March de Louisa May Alcott.
Tout le monde était gentil au pays de Oui-Oui, et il ne se passait jamais rien. On faisait la lessive ou un gâteau, parfois (soyons fous !) on allait boire le thé chez ses amis… Il a fallu attendre la bibliothèque verte pour qu’enfin, l’ombre d’une intrigue fasse son apparition. Dix ans plus tard, on se rappelle que Oui-Oui fait sa lessive quand il y a du soleil et du vent parce que c’est comme ça que ça sèche le mieux et on se dit qu’il a au moins servi à ça.
Même combat : la série Martine de Gilbert Delahaye, La maison d’une toute petite fille de J-L Brisley, et tant d’autres.
Là pour le coup, il se passait beaucoup de choses. Dans le club, les enfants ont 10 ans mais possèdent une île (normal) offerte par le père de leur leader (Claudine le garçon manqué) et une intrigue policière leur tombe dessus tous les quatre matins. Fortune volée, enlèvement, le club s’en sort toujours les doigts dans le nez (normal aussi). Dix ans après, notre enfance nous semble plate comme un trottoir de rue.
Même combat : Les Six Compagnons de Paul-Jacques Bonzon, Le Clan des Sept d’Enid Blyton, Fantômette de Georges Chaulet.
Dans notre bibliothèque, on avait aussi Le Joueur de flûte de Hamelin, Hansel et Gretel, Cendrillon, Blanche-Neige ou Le Petit Poucet. Parents criminels, enfants rôtis ou mangés, sorcières anthropophages ou empoisonneuses, invasions de rats… de l’art d’édifier la jeunesse via des faits divers que Détective n’oserait même pas faire figurer dans ses pages. Aujourd’hui, on en a encore les cheveux qui se dressent sur la tête.
Même combat : Tous les contes d’Andersen.
Déjà snob, on avait déjà conscience de lire de de la littérature de gare, une sorte de Marc Levy pour les petits mais on lisait quand même les Chair de poule discrètement chez nos copines (tout en gardant des trucs plus sérieux à lire en public). Il n’empêche qu’on pleurait des larmes et des larmes à chaque relecture du Fantôme d’à côté et que les pâles amourettes d’Un gout d'orage ou de Musiques à cœur nous enflammaient. Dix ans plus tard, on a lu les trois tomes d’Autant en emporte le vent et on est définitivement trop fleur bleue.
Même combat : « Fais-moi peur » et autres sagas d’épouvante, la série « Danse ! ».
Il y avait ensuite, pour les plus vieux, un lot de bouquins tristes à mourir, où les enfants étaient très malheureux/battus/mal aimés. On soupçonne nos parents de nous les avoir suggérés pour passer pour des saints. Dix ans après, on a toujours une boule dans la gorge en pensant à eux.
Même combat : L'histoire d'Helen Keller de Lorena A. Hickok, Poil de carotte de Jules Renard, Le Petit Chose d’Alphonse Daudet, Vipère au poing d'Hervé Bazin, Le Sagouin de François Mauriac, La cicatrice de Bruce Lowery.
Une jeune ado tombe dans la drogue, rehab, tapin, et mort… L’objectif : nous dissuader de nous droguer. On en a fait des cauchemars pendant des années. Aujourd’hui, dès qu’on nous tend un joint, on y pense avec effroi.
Même combat : L’herbe bleue de Beatrice Sparks, La blanche de Serge Dalens. Des cornichons au chocolat de Stéphanie (L’héroïne ne s’y droguait pas mais elle avait quand même une adolescence tourmentée).
On y a suivi avec passion l’histoire des frères Joffo dans un France occupée par l’armée allemande. Étoile jaune, séparation, fuite en zone libre… avant de dévorer Baby-foot (la suite). Un monument de littérature. Dix ans après on se demande toujours si le salon de coiffure Joffo de Saint-Lazare est celui où a vécu le petit Joseph (après vérification : oui).
Même combat : Mon ami Frédéric de Hans Peter Richter, Le journal d'Anne Franck.
Les vacances du Petit Nicolas, Le Petit Nicolas et les copains… des bijoux de drôlerie, inoxydables et émouvants, les prénoms les plus mythiques de la littérature enfantine (Alceste, Eudes, Agnan, Clotaire…), un vocabulaire et une grammaire inoubliables, sans compter les dessins géniaux de Sempé. Dix ans après, on hésite à taper les gens qui ont des lunettes.
Même combat : Le prince de Motordu illustré par Pef, la série des Kamo de Daniel Pennac dans « J’aime lire ».
Charlie Bucket aurait pu se retrouver dans la catégorie des livres beaucoup trop tristes mais il a trouvé le ticket d’or… et il a visité la chocolaterie féérique de Willy Wonka. Dix ans après, on regarde toujours s’il n’y a rien dans notre tablette de Milka.
Même combat : Tous les Roald Dahl : Mathilda, Sacrées Sorcières, Le Bon Gros Géant.
Ken est un jeune garçon doux et rêveur qui vit avec ses parents et son frère dans un ranch. Malgré ses résultats scolaires pas folichon, son père décide de lui offrir l’un des chevaux du ranch (ça se passe comme ça aux States). Il choisit une jeune pouliche qu’il appelle Flicka, amitié foudroyante... Suivront tout un tas d’aventures et quelques tomes (Le fils de Flicka, L’herbe verte du Wyoming). Dix ans après, on rêve toujours d’avoir un cheval pour notre anniversaire.
Même combat : L'étalon noir, Le retour de l'étalon noir etc. de Walter Farley, Croc-Blanc de Jack London, Le Lion de Joseph Kessel, Mon amie Fraise de Humbert Hildegarde, Pour un petit chien gris d’Yvon Mauffret.
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