Instantanément, à sa parution en 1978, Moi Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée, devient un livre culte. Ce récit, cru et bouleversant, d'une pré-adolescente de Berlin-ouest qui vend son corps pour acheter de l'héroïne fait le tour du monde : vendu à 5 millions d'exemplaires, il est traduit en dix-huit langues. Christiane, son auteure, devient immédiatement une star. La jeune fille de 15 ans écume les plateaux de télévision allemands pour raconter son histoire, alors même que ses problèmes de drogue sont loin d'être réglés. C'est pour raconter l'après Moi Christiane F. que Christiane Felscherinow a décidé d'écrire une nouvelle biographie. Dans Moi, Christiane F., la vie malgré tout, à paraître aux éditions Flammarion le 16 octobre prochain, l'ancienne junkie, aujourd'hui âgée de 51 ans, revient sur le bouleversement que sera la publication de son histoire.
Dans un long entretien accordé au Monde, elle explique : « Il y a un avant et un après. Pourtant, à l'époque, avant la publication, je pensais : ce sera un livre comme n'importe quel autre qui va se perdre sur les étagères d'une librairie ». C'est au contraire le livre, censé expurger son ancienne vie, qui va la faire replonger dans les excès et la drogue.
Dans Moi, Christiane F., la vie malgré tout, coécrit avec son amie, la journaliste Sonja Vukovic, Christiane raconte la gloire trop rapide, son voyage à New York à l'occasion de la sortie sur les écrans de l'adaptation de son livre, les mauvaises rencontres, son expérience de la cocaïne. Et, à 21 ans, sa rechute dans l'héroïne, qui lui vaudra de passer dix mois en prison.
Le « cadeau de sa vie » ? La naissance de son fils, lorsqu'elle a 33 ans, et qui la remettra doucement sur le droit chemin, malgré l'intervention des services sociaux alors que son fils est âgé de 11 ans.
Aujourd'hui mère de famille rangée, Christiane F. ne se drogue plus. Atteinte de l'hépatite C et souffrant d'une cirrhose au foie, elle a créé une association pour aider les jeunes drogués et leurs enfants. « Depuis trente-cinq ans, je ne suis pas encore morte. Qui aurait cru que j'aurais un jour 51 ans ? », se demande Christiane, avant d'ajouter : « Le temps était venu de raconter ce qui s'était passé depuis, parce que les gens voulaient tout simplement savoir. »
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