Rédigé entre 1923 et 1924, le manifeste fasciste rédigé par Adolf Hitler, qui constitue un appel à la haine racial et à l’antisémitisme, tombera dans le domaine public aux 70 ans de la mort de son auteur, soit dès le 1er janvier 2016.
L’ouvrage existe déjà dans certains pays, on en trouve 734 versions papier dans toutes les langues à travers le monde. Pour le moment interdit en Allemagne et en Autriche, seul le Land de Bavière (dernière résidence d'Hitler) est propriétaire des droits.
Il est cependant autorisé aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne au nom de la liberté d'expression. En France, il est possible de le trouver en tant que chercheur, et avec des précautions particulières.
Mais une fois le livre en libre accès, les citations risquent de fuser sur le net, et pas seulement sur les blogs néo-nazis.
Philippe Coen, juriste et fondateur de l 'Initiative pour la prévention de la haine, s’engage dans l’affaire et demande au Parlement qu’une résolution soit prise pour prévenir les dérives internet, il explique dans une interview : « Son arrivée dans le domaine public à partir du 1er janvier 2016, 70 ans après la mort de l'auteur, risque d'accroître sa diffusion et il serait peut-être temps de mettre en place un outil universel de lecture » Il ajoute : « Il reste un peu de temps avant 2016, mais c'est un rendez-vous avec l'Histoire à ne pas manquer. Nous sommes ouverts à tous les hommes et femmes politiques qui s'y intéresseront ».
La solution serait donc d’apposer une signalétique avant chaque mention de l’œuvre « Concernant la diffusion sur Internet, un onglet sur chaque page permettrait le renvoi à l’avertissement, traduit dans toutes les langues disponibles sur le site. ».
Il fait appel aux institutions pour créer, en plus, un label « édition responsable » ou « haine zéro » que Google mettrait en tête de liste, avant toute citation à caractère « nazi ».
Contre les accusations d’entrave à la liberté d’expression, il répond qu’il s’agit plutôt mais d'éducation. Notre approche est de dire que face à la haine, il ne faut pas faire l'autruche", son entreprise tend davantage à faire de l’internaute un « responsable devant l’histoire ».
On sait en effet que Mein Kampf aurait inspiré Anders Behring Breivik, l'auteur des attaques meurtrières du 22 juillet en Norvège, et qu’il continue de fasciner dans certains pays comme la Turquie, l’Inde, le Japon ou certains pays du Moyen Orient, où sa diffusion est assez large. Entre 1923 et 1945, le livre avait été vendu en 12 millions d’exemplaires.
Le règlement s’appliquerait à l’ensemble de la communauté européenne. Mais la liberté de l’expression est-elle soluble dans la pédagogie ? Le débat est ouvert.
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