Un article « raciste », accumulant les « généralisations douteuses » et les « stéréotypes dépassés ». En France, comme outre-Atlantique, l’article « Black Fashion Power », publié dans le magazine Elle du 13 janvier puis sur le site Internet, est l’objet depuis plusieurs jours, d’un buzz négatif sur la toile. Et pour cause, dans ce billet cherchant à décrypter le style vestimentaire des femmes afro-américaines, la journaliste, Nathalie Dolivo, ne propose qu’une succession de raccourcis, approximations et maladresses. Affirmant que le look est devenu « une arme politique » pour la « communauté afro », elle y voit « l’effet du couple Obama ».
« Dans cette Amérique dirigée pour la première fois par un président noir, le chic est devenu une option plausible pour une communauté jusque-là arrimée à ses codes streetwear », affirme-t-elle. Avant de poursuivre : « en 2012, la « black-geoisie » a intégré tous les codes blancs (…) avec une référence ethnique. » Évoquant les racines vestimentaires de la communauté noire, Nathalie Dolivo cite alors « un boubou en wax, un collier coquillage, une créole de rappeur ». Il n’en fallait pas plus pour déclencher la fureur de centaines d’internautes, de bloggeuses mode et beauté mais aussi de multiples personnalités d’origine afro-antillaise. En effet, dès la publication de ce billet sur la toile, l’ex-miss France Sonia Rolland exigeait des excuses par le biais de son compte Twitter tandis que, sur sa page Facebook, la jeune chanteuse Inna Modja se disait « offensée ».
Des excuses… tardives
Devant l’avalanche de commentaires (plus de 800 mercredi), le magazine a finalement décidé de retirer cet article controversé et de présenter des excuses. « Si cet article a pu choquer ou blesser certaines personnes, nous en sommes profondément désolés, car ce n'était nullement notre intention, au contraire. Nous regrettons vivement ce malentendu. Le débat a néanmoins été lancé et il va nous permettre d'enrichir notre travail journalistique », écrivait ainsi, mercredi, Valérie Toranian, directrice de la rédaction de Elle, tandis que Nathalie Dolivo, tentait elle aussi de rectifier le tir. « Depuis la parution en ligne sur le Elle.fr de mon papier titré « Black fashion power », les commentaires sont nombreux. (…) J’en suis extrêmement peinée car ils relèvent pour moi du contresens. Ils témoignent en tout cas d’un profond malentendu dont je suis tout à fait désolée. Le propos n’était pas de choquer, de blesser ou de stigmatiser qui que ce soit. Je n’ai à aucun moment voulu heurter quiconque. Encore une fois j’en suis sincèrement désolée. Tout ce malentendu nous prouve qu'il faut poursuivre le débat, échanger, être à l’écoute. »
Mais le mal était fait. Pour preuve, hier encore, dans son billet lors du « 6/7 » de France Inter, la journaliste Audrey Pulvar évoque un « article dont la bêtise et l’inanité ne tarderont pas à servir de modèle du genre ‘papier de merde’ dans les écoles de journalisme ». Au sujet du lien présumé entre la présidence Obama et le style vestimentaire de la communauté noire, elle lance : « Voilà qui fera plaisir (...) à des cohortes de noirs, femmes, et hommes (...) Ont-ils attendu le couple Obama pour mettre au placard la ceinture de bananes et les soutiens-gorge en noix de coco ? » Enfin, s’agissant de l’intégration « codes blancs » et la persistance des « racines », la polémiste de « On n’est pas couché » s’interroge : « De quelles racines parle-t-on exactement pour des noirs présents depuis quatre siècles sur le continent nord-américain ? » Visiblement, il faudra plus que de simples excuses pour faire oublier cet impair…
Écouter le billet d’Audrey Pulvar :
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