Qualifiée lors de sa création, le 1er mars 1987, de « chaîne en trop » par les politiques, jugée « trop petite » par les annonceurs et accusée par les artistes d’avoir « tué la musicale TV6 », Métropole 6, dite M6, célèbre aujourd’hui son 25e anniversaire. Un quart de siècle durant lequel la chaîne de « Capital », « Loft Story » ou encore « L’Amour est dans le pré », a non seulement survécu à La Cinq mais s’est offert le luxe de se hisser à la troisième place des chaînes françaises en part d’audience, derrière TF1 et France 2 mais devant France 3. Elle est en outre la deuxième chaîne préférée de la ménagère de moins de cinquante ans. Pourtant, comme le confiait récemment Nicolas de Tavernost, président du directoire du groupe M6, au journal Les Echos, « rien n’était gagné d’avance. Le PAF d’alors, c’était le Far West, et nous avons dû courir ses grandes plaines pour y faire notre place ».
En effet, la saga M6 n’a rien d’un long fleuve tranquille. Elle s’apparente davantage à un combat de tous les instants mené par une équipe animée « par la rage de vivre et l’obsession de lutter contre l’ennemi héréditaire TF1 », analysent Marc Pellerin et François Viot dans « M6 Story, la saga de la chaîne en trop » (Flammarion). Et si ce dynamisme et cette faculté d’innovation ont d’abord été une question de survie pour exister en tant que généraliste, ces qualités ont permis à « la petite chaîne qui monte » de s’adapter plus rapidement que les autres, aux demandes du marché.
« La petite chaîne qui monte » est devenue grande
« Comme dans une vie humaine, la chaîne a connu des cycles. Sa grille a souvent évolué. Elle a collé aux aspirations musicales des 15-24 ans avec « Frequenstar », a imposé des magazines haut de gamme (« Capital » ou « Zone Interdite ») et des séries américaines innovantes (« The X-Files ») pour mieux viser les moins de 35 ans », constatent Marc Pellerin et François Viot. Mais ce n’est qu’au début des années 2000 que M6, en quête d’un public familial, fera son entrée dans la cour des grands. Et pour cause, elle étoffe ses JT, attire des animatrices comme Mélissa Theuriau (ex-LCI), ou Karine Le Marchand qui exerçait précédemment sur le service public.
Puis, avec « Loft-Story », elle lance, en 2001, le concept de la téléréalité, révolutionnant l’histoire de la télévision française et s’attachant, par la même occasion, les jeunes et la ménagère de moins de 50 ans. Afin de les fidéliser, elle invente un nouveau type de programme : les magazines de la vie, ces derniers allant de l’éducation à la cuisine en passant par la mode avec « Super Nanny », « Oui, Chef ! » ou encore « Nouveau Look pour une Nouvelle Vie ». Sous l’impulsion de Bibiane Godefroid, directrice des programmes depuis 2007, la chaîne porte une attention particulière à la femme, en tant que séductrice, mère et ménagère. « En pleine crise économique et sociale, on rassure, on surfe sur le cocooning, on cherche à apporter des solutions, on cultive la proximité et l’entraide. La chaîne n’a alors plus rien d’un robinet à clips et d’une assembleuse de séries », peut-on lire dans l’ouvrage « M6 Story, la saga de la chaîne en trop ».
Une chaîne « dynamique et innovante »
Si elle est aujourd’hui loin d’être la plus regardée, M6 était, en 2011, la seule chaîne historique à progresser avec 10,8 % de part d’audience. L’année dernière, elle a d’ailleurs devancé 41 fois sa rivale TF1 en prime-time, contre 19 fois seulement en 2010. Enfin, preuve de l’attachement des téléspectateurs français, elle est considérée comme la chaîne « la plus dynamique et innovante » selon une enquête Omnicom Media Group, parue en février 2011.
Toutefois, avec l’arrivée de six nouveaux canaux sur la TNT à l’automne prochain, et celle imminente de Canal + sur le réseau gratuit (après le rachat de Direct 8 et Direct Star), M6 est plus que jamais condamnée à innover pour poursuivre son ascension. Une réalité dont a bien conscience son directeur historique : « M6 peut encore progresser, à condition de faire des programmes compétitifs. Depuis le début de l’année, en soirée, nous faisons 3,9 millions de téléspectateurs en moyenne. A l’avenir, il faudrait qu’on se situe entre 4 et 5 millions ». Affaire à suivre…
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