Benjamin Prémel : Au XIXe siècle, de nombreux journaux quotidiens coexistaient. D’ailleurs, à cette époque, la presse française pouvait se targuer d’être la première en Europe et dans Le Monde. Inutile de préciser que ce n’est plus le cas aujourd’hui. Après la presse quotidienne, est apparue la presse magazine, puis les « News Magazine », les titres féminins ou féministes, sportifs, etc. Ainsi, malgré la persistance d’un discours sur la crise de la presse papier – faisant croire à la mort de celle-ci -, les titres subsistent toujours mais évoluent. Et pour cause, le besoin est resté intact au fil des ans : la population a toujours été friande d’informations sur des sujets divers et variés.
La presse a également évolué dans sa manière de traiter les sujets. En effet, alors que, au moment de sa création, elle ne s’intéressait qu’à des sujets graves (politiques, révolutions, etc.) elle s’est peu à peu relâchée. La presse mondaine, notre « presse people » actuelle, illustre cette évolution. En effet, alors qu’à l’époque, le but était de mettre en valeur les monarques et leurs cours, souvent à des fins politiques, aujourd’hui, la « presse people » tend davantage à dénigrer ou à se moquer des célébrités, afin de divertir le lecteur.
B. P. : Chacune des parties de l’exposition a son importance et aucune ne pourrait exister sans les autres. Toutefois, si je devais parler d’un pan en particulier, il s’agirait de celui consacré à la révolution numérique. Saviez-vous que, chaque jour, la Bibliothèque Nationale de France (BNF) s’attache à collecter une partie des articles publiés sur les sites Internet d’information français afin de les archiver ?
Bien que « La presse à la Une » fasse, d’une manière générale, la part belle à la presse écrite, nous avons tout de même souhaité consacrer une partie de l’exposition au traitement que les médias sur Internet ont réservé à la révolution en Tunisie, entre octobre 2010 et novembre 2011. Aujourd’hui, ces ressources ne sont plus disponibles sur la Toile car, contrairement à la croyance populaire, tout n’est pas archivé sur le Web.
B. P. : Je n’en mettrais pas ma main à couper car il y a régulièrement des expositions sur l’histoire de titres précis. Toutefois, s’agissant d’une rétrospective sur la presse en générale, et de cette ampleur, je ne prends pas trop de risques en affirmant que c’est la première du XXIe siècle, ne serait-ce qu’en raison des difficultés à avoir certaines des pièces ici présentes.
B. P. : Plus qu’un hommage à la presse, il s’agissait surtout de la mettre en valeur, à une époque où les quotidiens souffrent énormément. Plusieurs titres ont d’ailleurs disparu ces derniers mois. D’une manière générale, il existe peu d’expositions ayant trait à la presse française, or, il nous semblait intéressant de la mettre en scène afin de montrer la multiplicité des titres auxquels elle renvoie, mais aussi les premiers numéros, rares et fragiles, de quotidiens comme « Le Monde » ou « Le Figaro ».
J’ai parfois le sentiment que la presse écrite est en crise depuis sa création et pourtant, elle existe toujours. Cela valait donc bien le coup de revenir sur son histoire. Enfin, on constate qu’au fur et à mesure de son évolution elle s’est immiscée dans tous les domaines de la vie. Au final, cette rétrospective montre que si l’histoire s’écrit avec la presse, la presse s’écrit, elle aussi, avec l’histoire.
B. P. : « La presse à la Une » a été exclusivement réalisée pour la BNF. Toutefois, les personnes souhaitant la voir mais n’ayant pas la possibilité de se déplacer, peuvent effectuer une visite virtuelle sur le site de la Bibliothèque. Comme l’exposition physique, la rétrospective virtuelle, très complète, permet de découvrir aussi bien des écritures que la fabrique de l’information, ainsi que certaines pièces inédites.
« La Presse à la Une. De la Gazette à Internet »
du 11 avril 2012 au 15 juillet 2012
BNF / Grande Galerie
Horaires
mardi - samedi de 10h à 19h
dimanche de 13h à 19h
sauf lundi et jours fériés
Tarifs
Tarif plein : 7 €
Tarif réduit : 5 €
Le site de l’exposition
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