Après la diffusion, dimanche, dans l’émission Sept à Huit de TF1, d’une partie d’extraits des échanges entre Mohamed Merah et les négociateurs de la Direction centrale du renseignement (DCRI), les familles des victimes sont sous le choc. « Scandalisées », elles ont décidé de saisir la justice en urgence pour obtenir l’interdiction de la diffusion de ces enregistrements.
« A ce rythme, ce sont les vidéos des tueries (ndlr : prises par Mohamed Merah et envoyées à la chaîne al-Jazeera) qui se retrouveront sur la toile et l'atteinte sera alors irrémédiable », s'est indignée Maître Samia Maktouf, une avocate des familles. Et d’ajouter : « les familles des victimes ont l'impression que la justice ne va pas assez vite et, en même temps, prennent connaissance du déroulement de l'instruction par la télévision. Il s'agit d'une atteinte grave et manifeste au secret de l'instruction ». Son associée, Maître Béatrice Dubreuil, rappelle pour sa part que « les juges avaient assuré aux familles que ces enregistrements seraient placés sous scellés et qu'un dispositif d'alerte serait mis en place. C'était un point extrêmement important pour elles ».
Le document diffusé hier soir commence quand la voix du « Tueur au scooter » s'élève ce matin du 21 mars, quelques heures après l'échec du premier assaut du Raid. « Je suis quelqu'un de déterminé, je n'ai pas fait ça pour me laisser faire attraper, t'as vu (…). Donc voilà, sachez qu'en face de vous, vous avez un homme qui n'a pas peur de la mort, moi la mort, je l'aime comme vous vous aimez la vie. » Dans les 32 heures du siège, il raconte, avec des tics de langages, ses contacts avec Al-Qaïda, décrit les actions qu'il envisageait ou son style de vie « fashion ». Et d’affirmer, moqueur : « ça fait partie de la ruse, tu vois. Car la guerre est une ruse. »
Mohamed Merah va jusqu’à justifier au négociateur les assassinats des trois parachutistes de Toulouse et Montauban, puis des trois enfants et du père de famille juifs. « Mon but dans ces attentats, c'était de tuer en priorité des militaires parce que ces militaires-là sont engagés en Afghanistan, et tous leurs alliés t'as vu, que ce soit de la police, de la gendarmerie, de la police nationale, de tout », dit-il. Il raconte comment ayant raté une cible, un autre militaire, il s'est rabattu sur l'école juive Ozar Hatorah : « j'ai repris le scooter et je suis passé comme ça, ce n'était pas prémédité, enfin si, je comptais le faire, t'as vu, mais le matin en me réveillant ce n'était pas mon objectif. »
Il explique encore qu'il était prêt à de nouveaux carnages. Il savait qu'un jour « ça allait être vraiment chaud pour moi, qu'il y allait avoir des barrages, tout ça. Alors, j'aurais tout fait au culot, je serais entré dans les commissariats, j'aurais abattu le policier qui est à l'accueil, j'aurais abattu des gens dans la rue, des gendarmes qui circulent en voiture, aux feux rouges, j'aurais mis des guets-apens. J'allais faire tout au hasard et sans aucune préparation. »
Quelques heures après la diffusion de ce document, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a regretté qu' « aucune précaution (n'ait) été prise pour respecter les familles des victimes », tandis qu’Emmanuel Chain, producteur de Sept à Huit, a assuré sur RTL avoir « beaucoup réfléchi, avant de décidé de diffuser ce document qui a une forte valeur d'information ». Il a par ailleurs indiqué avoir pensé « en permanence aussi à l'émotion des familles ». Dimanche soir, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) déconseillait aux chaînes de rediffuser les extraits en question. Ce matin, selon Le Figaro, les images n’étaient pas disponibles sur le site de TF1 ni sur celui de l’émission.
Crédit photo : AFP
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