L’Express aurait-il décidé de faire du sexisme son fond de commerce ? Depuis l’accession de François Hollande à la présidence de la République, et plus encore depuis le tweetgate, l’hebdomadaire semble prendre un malin plaisir à faire la satire du chef de l’Etat et des femmes qui l’entourent, quitte à flirter avec un sexisme ordinaire.
Pour preuve, en juin dernier, le magazine a cherché à savoir qui portait la culotte dans le couple présidentiel en demandant, en couverture, « Qui est le chef ? ». Un mois plus tard, il récidivait et faisait sa Une sur « Le poison de la jalousie ». Le journal était alors illustré d’un photomontage, digne de l’affiche d’un match de boxe, mettant face à face Ségolène Royal et Valérie Trierweiler.
Aujourd’hui, ayant visiblement exploité jusqu’à la moelle le filon de la rivalité entre l’ex-compagne du président et la Première dame, L’Express cible désormais l’ensemble de l’entourage féminin de François Hollande. La Chancelière allemande Angela Merkel, la ministre du Logement Cécile Duflot, Martine Aubry, (bien sûr) Ségolène Royal et Valérie Trierweiler deviennent ainsi les « femmes qui lui gâchent la vie ». Et, histoire de bien enfoncer le clou, l’hebdomadaire sous-titre : « Rivales, ennemies, fausses alliées… ».
Il fallait s’y attendre, cette Une n’est pas passée inaperçue. Dès mardi en fin d’après-midi, et avant même que le magazine ne soit dans les kiosques, la ministre du Droit des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, a fait part de son mécontentement. Sur Twitter, elle a posté : « L'Express met 5 femmes en Une. On aurait pu s'en réjouir. Ce n'est pas le cas ». Au vu de cette Une, un autre twittos préfère ironiser : « Bonjour, L’Express vous parle depuis le XIXe siècle : Hollande ne tient pas ses femmes. » Un post retwitté plus de 120 fois.
Devant cette fronde, Christophe Barbier a bien sûr tenté de se justifier. Sur le site Internet du journal Le Parisien, le directeur de la rédaction de L’Express explique : « François Hollande a des difficultés à travailler avec les femmes qui l'entourent. Depuis le début de son mandat, sa gestion des conflits soulève la question de l'autorité du président ». Et d’ajouter : « Dans le privé, les remous ne cessent. Avec ses alliées politiques, comme Martine Aubry, il a du mal à tenir l'adversité. Enfin, son face à face avec Merkel s'avère très compliqué ».
Certes, mais pour faire passer ce message, la Une de ce numéro se devait-elle forcément d’être machiste ? Christophe Barbier se défend : « C'est tout sauf misogyne. Dans notre dossier, nous soulignons que dans ces premiers mois du quinquennat, on cherche la femme ! Dans les nominations, les cabinets et les postes à responsabilités, la parité, l'un des axes forts de sa campagne, n'est pas respectée ». Et pour que son point de vue soit relayé sur les réseaux sociaux, le directeur de la rédaction du magazine s’est également exprimé sur Twitter, estimant que « finalement, que des femmes donnent du fil à retordre au président, c'est la preuve de leur montée en puissance... » Cette Une serait donc finalement flatteuse pour la gent féminine ? On ne demande qu'à le croire.
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