Deux carrières exemplaires brisées en plein vol par la faute de deux brunes diaboliques à forte poitrine : c’est l’analyse qu’on peut tirer de la double page parue ce mercredi 14 novembre dans le quotidien Libération sur l’affaire Petraeus. Les premières phrases pour présenter les quatre protagonistes de l’affaire ont le mérite de poser le décor : « John Allen est un général quatre étoiles des forces américaines, davantage réputé, à l’instar de David Petraeus, comme un des meilleurs stratèges américains », peut-on lire sur le premier. « Avant qu’on ne découvre sa vie privée, le général Petraeus était considéré comme l’un des tout derniers héros américains, souvent même comparé au général Eisenhower. » Voilà pour le second.
Côté féminin, on ne commence pas par expliquer que Paula Broadwell, 40 ans, ancienne major de l’armée américaine, diplômée de l’académie militaire de West Point puis de Harvard, est une experte en lutte antiterroriste et n’est pas devenue biographe du général par hasard. On préfère parler d’« une autre belle brune, silhouette fine au corsage bien tendu, qui mettait ses formes en valeur par des vêtements moulants ou chatoyants ». Des détails censés nous aider à mieux comprendre la psychologie du personnage sans doute. Quelques lignes plus tard, on apprend que Paula avait osé garder ce style « moulant » malgré les conseils des militaires qui lui avaient recommandé plus de « modestie » vestimentaire. Cette « ambitieuse » n’avait donc vraiment pas froid aux yeux…
Mais la poitrine de Jill Kelley semble encore plus intéressante comme l’indique l’accroche de sa biographie esquissée sur la même double page : « Une belle brune encore mieux poitrinée que Paula Broadwell et qui exhibait volontiers ses atouts ». Pour ceux qui ne se seraient pas encore fait une opinion sur les mœurs de Mme Kelley, on s’attarde encore un peu plus loin sur ses « atouts » : « la belle Jill Kelley, photographiée avec un très généreux décolleté (…) ».
La fixette sur les poitrines des deux femmes choquerait sans doute moins si on avait ne serait-ce qu'un petit commentaire sur le physique (bof) ou le fessier rebondi (par exemple) de ces messieurs Allen et Petraeus. Mais non, eux ils font la guerre, et puis c’est tout.
Tout a commencé l’été dernier, lorsque Jill Kelley, 37 ans, bénévole très impliquée dans les actions de soutien à la vie militaire à Tampa en Floride, se plaint à un agent du FBI. Elle dit avoir reçu des menaces de la part de la maîtresse de l’un de ses amis, David Petraeus. La maîtresse en question, Paula Broadwell, lui intimait de ne pas s’approcher de « son mec ». Cette universitaire et mère de deux enfants était devenue la biographe de David Petraeus, marié et père lui aussi, et l’avait suivi sur ses missions, notamment en Afghanistan où il commandait les forces alliées, entre 2010 et 2011. Les confidences de Jill Kelley à son ami du FBI déclenchent l’ouverture d’une enquête et quelques jours plus tard, la démission de David Petraeus. Mais les enquêteurs découvrent bientôt que Jill Kelley est elle-même très proche d’un des généraux les plus gradés de l’armée américaine. Elle entretient une correspondance intime avec John Allen, ancien Marines et récemment nommé commandant des forces de l’Otan en Europe. Lui aussi était passé par la base militaire de Tampa en Floride. Les deux affaires portent un coup sérieux à la réputation de l’armée américaine, qui considère l’adultère comme un crime.
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