Lucie Morillon : Wefightcensorship.org (traduisez « Nous combattons la censure ») est un site internet dédié à la lutte contre la censure et dont l'objectif est de rendre la parole aux victimes de censeurs inconnus du grand public. Ce site, imaginé par Reporters sans frontières (RSF), nous permet de prolonger notre action de veille, de plaidoyer et d'assistance en faveur de la liberté d'expression.
Bien que nous dénoncions régulièrement la censure que subissent certains journalistes ou le fait que des blogueurs puissent être emprisonnés en raison de leurs prises de position, les articles, photos ou vidéos à l'origine de ces privations de liberté ne sont finalement jamais publiés ; pour le plus grand bonheur des censeurs. RSF a donc décidé de rendre la censure caduque en publiant ces contenus éditoriaux, après les avoir traduits dans plusieurs langues. Avec cet outil de dissuasion, nous voulons montrer aux gouvernements concernés que censurer l'information n'aura plus désormais pour seule conséquence que de lui donner plus de visibilité.
L. M. : À la différence de WikiLeaks, nous n'agissons pas en tant que média mais en tant qu'organisation non-gouvernementale. Le comité éditorial de WFC ne publiera jamais de texte brut et vérifie la source de chaque contenu. Chacun est accompagné d'un texte visant à présenter son auteur, à replacer le document dans son contexte et à expliquer les raisons de la censure, afin de le rendre le plus abordable possible pour le grand public.
Toutefois, nous permettons à nos contributeurs de nous envoyer des communiqués de presse et avons créé un espace dédié. De plus, concernant l'envoi de documents qui s'avèrent sensibles, nous avons mis en place un « kit de survie numérique » dans lequel nous distillons des conseils sur la protection des informations privées sur Internet et la confidentialité des échanges notamment.
L. M. : Bien sûr, les pays comme la Chine, le Viêt Nam ou l'Iran sont les premiers concernés mais nous avons d'ores et déjà reçu des sujets concernant des régimes considérés comme démocratiques. Nous avons notamment un contenu traitant de la censure pratiquée par le Japon sur la question nucléaire et un autre sur une explosion survenue au Turkménistan dont le gouvernement aurait dit qu'elle était mineure. Visiblement, ce n'était pas le cas. Notre but n'est pas de taper uniquement sur les régimes déjà identifiés comme censeurs. Par exemple, si l'on nous soumet des contenus concernant une censure en France, au même titre que les autres, nous les publierons après vérification.
Nous voulons que Wefightcensorship.org bouscule les régimes et les dictatures. Plus nous publierons d'articles, mieux nous nous porterons. Nous espérons vraiment que ce site va déranger ; dans le cas contraire, nous aurons raté notre coup.
L. M. : Nous sommes déjà amenés à subir des pressions mais notre statut d'ONG et notre dimension internationale nous protègent. Nous sommes donc moins vulnérables et capables de supporter une pression difficile à assumer pour des journalistes isolés, d'où notre volonté de les soutenir en leur permettant de s'exprimer. Et pour éviter que le site ne soit bloqué, nous avons pris les devant : Wefightcensorship.org est dupliqué sur des dizaines de sites miroirs.
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