En faisant allusion à la ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, dans son émission de dimanche, Jean-Pierre Elkabbach ne pensait certainement pas irriter Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture et de la Communication. À tort.
Dimanche, alors qu’il interroge le ministre de l’Intérieur lors du « Grand rendez-vous Europe 1, I>Télé, Le Parisien-Aujourd’hui en France », Jean-Pierre Elkabbach demande à Manuel Valls de « tenir la langue de la vérité » concernant le dossier Florange. « Bien sûr, lance le journaliste, il faut essayer de sauver ce qui peut l'être à Florange, protéger les 630 salariés et leur famille. Mais ils vont être reclassés, il n'y a pas de plan social et ils vont être indemnisés. Et il ne faut pas oublier que les hauts fourneaux n'ont pas d'avenir d'après les spécialistes, et qu'il y a chaque jour en France 1 500 nouveaux chômeurs. »
Une analyse à laquelle le ministre de l’Intérieur répond sur un ton ironique, indiquant au journaliste qu’il ferait un très bon porte-parole du gouvernement. « Ah non ! », rétorque alors Jean-Pierre Elkabbach. Et d’ajouter : « Vous avez une très jolie femme qui s'en occupe avec une très belle langue de bois. Et moi, je ne saurais pas la manier ». Il n’en fallait pas plus pour qu’Aurélie Filippetti s’insurge sur Twitter par le biais de son compte @aurelifil : « Une très jolie femme qui s'en occupe... Le machisme a encore de beaux jours devant lui #Europe1 ».
Bien sûr, le journaliste d’Europe 1 s’est défendu de tout machisme, invitant la ministre de la Culture « à consulter plus souvent la définition du machisme dans le dictionnaire. Cela lui aurait évité d'exprimer des remarques intempestives qui ne rendent pas service au combat des femmes que je soutiens depuis toujours. Pour ma part, je me garderai bien de faire un procès à Mme Filippetti en misandrie. Par ailleurs, dénoncer la langue de bois de femmes ou d'hommes politiques, quels qu'ils soient, fait aussi partie de notre métier. » Mais, au vu de son commentaire, on peut penser que la ministre de la Culture ait davantage été dérangée par la précision « très jolie femme » que par la « langue de bois ». Ainsi, ce sexisme consistant à réduire une femme politique à son physique serait-il désormais si ordinaire qu’il en soit devenu invisible pour un journaliste expérimenté ?
Crédit photo : Lemouton Stephane/ABACA
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