Culture
Ruth Elkrief : "Les femmes sont partout, sauf aux postes de direction"
Publié le 8 janvier 2013 à 13:40
Par Marie-Laure Makouke
De LCI à BFM TV en passant par TF1 et RTL, en 25 ans de carrière, Ruth Elkrief a collaboré avec les plus grands médias nationaux et vécu de l’intérieur les transformations de la télévision française. Près d'un mois après le lancement de six nouvelles chaînes sur la TNT, la journaliste phare de BFM TV partage sa vision du paysage audiovisuel français. Interview.
Ruth Elkrief : "Les femmes sont partout, sauf aux postes de direction" Ruth Elkrief : "Les femmes sont partout, sauf aux postes de direction"© Abaca
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Terrafemina : En 2005, vous avez participé aux premiers pas de la télévision numérique terrestre (TNT) en France, sur BFM TV. Comment avez-vous vécu le lancement des six nouvelles chaînes, le 12 décembre dernier ?

Ruth Elkrief : Je ne partage pas l'inquiétude des dirigeants de chaînes qui craignent de perdre des parts de marché. Je pense que ces nouvelles chaînes sont un atout pour la télévision française et les téléspectateurs dont les goûts et les envies se diversifient ; ces derniers seront davantage assouvis grâce à ces canaux.
Le groupe Next Radio TV, propriétaire de BFM TV notamment, a renforcé sa présence sur la TNT avec RMC Découverte qui, j'en suis persuadée, trouvera rapidement son public. J'ai complètement confiance en son avenir. C'est une nouvelle chaîne qui va venir élargir l'offre proposée aux téléspectateurs. Elle a d'ailleurs réalisé des audiences très intéressantes les jours suivants son lancement. Lancée en 2005, BFM TV est parvenue à se faire une place dans le paysage audiovisuel français (paf) et à devenir la première chaîne d'information : il n'y a aucune raison pour que RMC Découverte n'en fasse pas autant.  

Tf : Quel souvenir gardez-vous du lancement de BFM TV ?

R. E. : Je m'en rappelle comme s'il avait eu lieu hier. La chaîne a émis pour la première fois le 28 novembre 2005. J'étais très émue, d'autant que j'étais aux commandes du premier bulletin d'informations. Nous avions été tout de suite très ambitieux : lors du JT de lancement, nous avions organisé un duplex avec l'Irak qui était pourtant en guerre. Nous avions envie de réussir, nous avions cette ambition d'être comparable aux plus grandes chaînes.

Tf : Vous évoluez dans le paysage audiovisuel français depuis 25 ans. Comment s'est-il transformé au fil des ans ?

R. E. : Il s'est beaucoup fragmenté. Les grandes machines que sont les chaînes généralistes se sont réinventées car les nouvelles venues de la TNT sont plus réactives, plus mobiles. Les chaînes hertziennes ont donc dû y faire face ; ça n'a pas forcément été facile malgré leur budget plus important. Ces deux types de médias ont un mode de consommation et d'organisation totalement différent. Quand les grandes chaînes envoient deux ou trois journalistes pour traiter un même sujet, une chaîne d'information comme la nôtre n'en enverra qu'un. Ce qui ne nous empêche pas, sur certains sujets, de faire davantage d'audience.

Tf : Et comment jugez-vous la place que les médias audiovisuels accordent aux femmes ?

R. E. : On a l'impression qu'elles sont partout. Et c'est vrai, il y a beaucoup de cerveaux féminins à la télévision mais, paradoxalement, il n'y a pas de direction féminine, aucun patron de chaîne qui soit une femme. C'est une profession très féminisée mais très peu de femmes la dirigent. Certes, ce n'est pas facile d'être une femme manager dans les médias. Il ne faut pas se voiler la face, il y a un peu de machisme dans toutes les chaînes. Ceci dit, la situation est la même dans de nombreux secteurs. Il faut donc élargir de façon fonctionnelle l'accès des femmes à des postes de direction, mais ces dernières doivent également revendiquer leurs compétences. Il faut se bagarrer pour atteindre ses objectifs.

Tf : Quelles sont les difficultés auxquelles vous avez dû faire face en tant que femme pour vous imposer dans ce milieu ?

R. E. : Il est difficile d'accéder à un poste de direction mais il n'y a pas d'autre obstacle particulier. L'entrée dans le monde du journalisme n'est soumise à aucun critère discriminant.

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Culture Médias journalisme television
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