À voir la promo orchestrée à l'occasion de la nouvelle formule de Lui, magazine masculin disparu des kiosques en 1994, on pourrait croire que son contenu est resté bloqué à sa période de gloire, années 1970-1980. Au menu : des filles à poil, une virilité macho « néo-beauf » qui célèbre « ce dinosaure nommé le Mec, celui qui draguait lourdement ».
Le positionnement est clair : Lui s'oppose à GQ. Désormais sous la houlette de Frédéric Beigbeder, le magazine entend bien « déshabiller les femmes plutôt qu'habiller les hommes ». La concurrence ? Les autres masculins « sont plus centrés sur les hommes, alors que nous on est un magazine pour les hommes qui aiment les femmes » déclare Yseult Williams, ex-Grazia officiant désormais pour Lui. Un magazine destiné aux gays ne serait donc pas un vrai magazine masculin, un pur, un dur, qui sent des aisselles ?
Journaliste au Lab d'Europe 1, Thibaut Pézerat commente sur Twitter : « Le plus ouf chez "Lui", c'est qu'ils sous-entendent que "GQ" son concurrent est lu par des gays. Et que c'est donc pas un vrai mag de mec. »
Et non, car pour parler aux Mecs avec un grand « M », il faut de la fille nue, comme à la grande époque. Pour le premier numéro, c'est Léa Seydoux qui s'y colle. Et un bon nombre de pages promettent d'être gentiment coquines : une affaire qui fleure bon la coolitude du hipster sexisme.
Yseult William explique que les femmes risquent de constituer 30% du lectorat. Histoire de rire grassement de ce dinosaure de la presse qu'est Lui ? Non, « beaucoup de femmes vont l'acheter pour se renseigner sur l'ennemie ». L'ennemie, la pin-up ? N'y aurait-il pas bien assez à faire avec la presse féminine, niveau mannequins, avant de feuilleter les pages de la presse masculine, verte de jalousie ?
Pour continuer, 20 Minutes cite Nicolas Rey, qui, dans les pages de Lui, raconte une interview ratée avec Najat Vallaud-Belkacem : « Sa coupe à la garçonne, ses fesses menues, son corps sec et nerveux. » On est pas loin du « Najat suce son stylo très érotiquement ». Pour illustrer ce portrait, où l'auteur annonce qu'il veut « tout de Najat : cheveux, poils, cérumen, caillots de sang séché, n'importe quoi », un photoshop de la ministre des Droits des femmes dans le fauteuil d'Emmanuelle. Pour le côté « néo-beauf », c'est réussi.
Cependant, le magazine se dit anti-sexiste. D'ailleurs, Marcela Iacub y sera chroniqueuse. Elle dénonce « un discours trop homogène autour de la question des hommes et des femmes » dans les médias. Une collaboration que n'a pas manqué de commenter la sénatrice de l'Oise et féministe, Laurence Rossignol sur Twitter : « Iacub chroniqueuse à Lui, magazine pour "l'hétéro de base", va pouvoir y déverser, tranquille, sa haine des féministes. »
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