« Parce qu'on ne souhaite à personne d'être un enfant de putain, faudrait voir à essayer d'arrêter de leur en faire. » « Parce qu'il y a toujours moyen de se fabriquer une pute acceptable avec une pastèque trouée. » « Parce que toutes ces adolescentes étrangères formées à la va-vite dans des centres de dressage n'ont plus le respect du travail bien fait. »
Non, ces « maximes » tout en finesse ne proviennent pas d'un énième spectacle de Jean-Marie Bigard, mais du dernier numéro de Causette. Le magazine féminin, qui avait déjà créé la polémique cet été en transformant dans l'un de ses articles une « atteinte sexuelle » d'une professeure sur son élève en une « passion interdite » récidive et s'attire une nouvelle fois les foudres des internautes. Dans leur ligne de mire ? Le dossier spécial que Causette consacre dans son numéro de novembre à la prostitution. Intitulé « 55 raisons de résister à la tentation (pour vous messieurs) », le dossier fait, depuis hier, grincer des dents les twittos, choqués par les arguments de la rédaction du magazine, qui, en plus de diffamer les femmes qui font - souvent contre leur gré - le plus vieux métier du monde, flirte dangereusement avec le sexisme, la transphobie, voire le racisme.
Morceaux choisis :
« Parce qu'une pipe à 10 euros c'est comme un parfum à 20 euros : ça pue. »
« Parce que si la prostitution est un boulot comme un autre, vous devriez le conseiller à votre fille, il y a des opportunités à l'international. »
« Parce que 80 à 90% des prostituées en France sont étrangères contre 20% dans les années 90. Et que, sans faire du Montebourg, ce n'est pas une bonne nouvelle. »
« Parce que, tant qu'il y aura des ÉTRANGÈRES qui mangent la… euh… le pain des françaises, vous boycotterez la prostitution. »
Depuis la parution dans les kiosques, mardi 29 octobre, de son dossier sur la prostitution, Causette est la cible des internautes, qui accusent le magazine de « putophobie » et de racisme.
#Causette qui tombe dans la transphobie et la préférence nationale pour défendre l'abolition... #prostitution
— Brigand (@tbrigand) October 30, 2013
Simone doit se retourner dans sa tombe grâce à #Causeur, #Causette & cie.
— Aristobulle (@Spinochat) October 30, 2013
en lisant #causette, j'ai cru que Valeurs Actuelles publiait un supplément féminin
— Jean-Raphaël Bourge (@jrbourge) October 29, 2013
#Putophobie ordinaire : quand « #Causette » nous prend pour des quiches - http://t.co/kwlw9LsWqt
— Juliette NegreLapart (@Juliette_NL) October 29, 2013
Vous le sentez arriver, le communiqué d'excuses toutes pourraves, comme pour la pédophilie romancée ? #causette
— luxinlisbon (@luxinlisbon) October 29, 2013
#Causette putophobe transphobe et euh, féministe, vraiment?
— Clarisse Clirstrim (@Clirstrim) October 29, 2013
La page Facebook de Causette a elle aussi été prise d'assaut par les lecteurs en colère. « Shame on you Causette », « minable », « écœurant », peut-on y lire, tandis qu'un internaute se demande : « Mais qu'est-ce qui vous a pris pour cet article dégueulasse, irrespectueux, transphobe et j'en passe sur la prostitution ?? »
Le Syndicat du Travail Sexuel (Strass) s'est fendu hier d'un communiqué, lui aussi pour dénoncer « l'initiative putophobe de Causette ». Et d'épingler les arguments les plus douteux avancés par la rédaction du magazine, « torchon prétendument féministe ». La direction de Causette n'a pour le moment pas réagi, ni sur son site, ni sur les réseaux sociaux, aux vives critiques des internautes.
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