Ce sont les équipes du « Petit Journal » de Yann Barthès qui ont découvert le pot aux roses. Alors que François Hollande s’est rendu dans l’Ain, le 11 novembre dernier, pour un hommage croisé aux combattants de la Grande guerre et aux résistants de la deuxième guerre mondiale, les médias étaient, comme à chaque déplacement du chef de l’État, présents en masse pour couvrir ce déplacement.
Mais dans son reportage, TF1 a cru judicieux de déformer la réalité de cette visite à Oyonnax pour faire écho aux événements intervenus plus tôt dans la journée, sur les Champs-Élysées. Ainsi, dans le sujet final diffusé par la chaîne, le président sort de sa voiture sous les sifflets des riverains, tandis que Valérie Nataf, envoyée spéciale de TF1 affirme : « Dès son arrivée, le chef de l’État a essuyé quelques huées, ici aussi, au milieu des applaudissements ». Problème, en réalité, ces signes de contestation s’étaient fait entendre avant l’arrivée de François Hollande et s’étaient interrompus à sa descente de voiture. Une manipulation que Canal + a découvert en analysant les images et le son bruts mis à disposition des chaînes de télévision ce jour-là.
Interrogée sur le sujet, TF1, par la voix de sa directrice de l’information Catherine Nayl, a reconnu que « le son d’origine a été maladroitement décalé de quatre secondes très exactement ». Parlant d’une « une erreur regrettable », elle a toutefois balayé d’un revers de la main toute accusation « d'ajout de son » ou « volonté de déformation de la réalité». Quoiqu’il en soit, que cette désynchronisation soit volontaire ou non, le Conseil supérieur de l’Audiovisuel examinera cet incident en groupe de travail « déontologie » et se prononcera sur d’éventuelles sanctions dans les prochaines semaines. Le gendarme de l’audiovisuel peut en effet décider d'adresser une mise en garde ou une mise en demeure à la chaîne, de lui imposer la lecture d'un communiqué à l'antenne, de la sanctionner d’une amende ou de ne pas donner suite.