Hillary Clinton fait la couverture du numéro de Time cette semaine, mais sans que son visage apparaisse en une. A la place, on voit un escarpin géant, censé symboliser la potentielle candidate à la prochaine présidentielle américaine, à laquelle s’accroche, tant bien que mal, un homme miniature en costume. « Quelqu’un peut-il arrêter Hillary ? », peut-on lire en grosses lettres noires à gauche de cette image.
Ce visuel a immédiatement fait bondir les féministes outre-Atlantique, et pour cause. L’image du stiletto géant en train d’écraser des hommes, devenus de véritables lilliputiens face à la puissance féminine, n’est pas nouvelle. Les banques d'images pullulent d'illustrations simplistes de ce genre sur les femmes, comme l’a démontré une étude récente. Ce cliché, qui montre les femmes de pouvoir comme agressives, témoigne de la manière sexiste dont les femmes dirigeantes sont généralement représentées.
De fait, celles-ci ont le choix entre deux clichés. Soit elles sont présentées comme ultra-glamour, un peu comme si leur séduction venait excuser, ou, du moins atténuer leur ambition ; ce fut le cas de Marissa Mayer, la patronne de Yahoo!, dont la photo allongée en robe de soirée dans Vogue a suscité une levée de boucliers. Deuxième option, illustrée par la couverture choquante de Time au sujet d’Hillary Clinton : elles sont représentées comme des femmes aux dents qui rayent le plancher, prêtes à tout pour arriver au sommet, quitte à piétiner les hommes au passage, ici littéralement. Hors de ces deux types de représentation, éminemment caricaturales, pas de salut. A quand la fin du cliché de la mante religieuse ?