L'été dernier, le chanteur américano-canadien Robin Thicke se retrouvait bien malgré lui au centre d'une polémique aux États-Unis, accusé de faire l'apologie du viol à travers son tube Blurred Lines et son refrain entêtant : « I know you want it. You're a good girl » (« Je sais que tu en as envie. Tu es une gentille fille », en français). Autre reproche : le caractère sexiste du clip vidéo de ce même titre dans lequel, dans sa version non censurée, des danseuses se trémoussent seins nus aux côtés du chanteur et de ses acolytes Pharell Williams et T.I. « Les femmes sont clairement utilisées comme des objets pour renforcer le statut des hommes dans la vidéo. Ils sont en position de contrôle entièrement vêtus – alors que les femmes n'ont aucun statut et semblent enclines à être exploitées », avait d'ailleurs dénoncé le mannequin canadien Aimee Davison dans une vidéo publiée sur YouTube.
Moins d'un an après cette affaire, le débat sur le machisme dans les clips ressurgit. Mais cette fois, ce ne sont pas des artistes masculins qui se retrouvent sur le banc des accusés, mais bien des femmes. Un seul coup d'œil aux clips Wrecking ball de Miley Cyrus ou Work b***ch ! de Britney Spears permet de se faire une idée précise. Dans le premier, l'ex-héroïne Disney devenue reine du trash chante nue, à califourchon sur une boule de démolition et lèche un marteau. Dans le second, l'interprète de Baby One More Time, un fouet à la main, se pose en dominatrice. Des images dégradantes de la femme auxquelles le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) s'est opposé en janvier dernier en interdisant la diffusion de ces clips avant 22 heures. Problème, les deux artistes précédemment citées ne sont pas les seules à flirter avec les stéréotypes sexistes. Ainsi, dans le clip de leur duo Can't remember to forget you, Rihanna et Shakira, montrent une image hyper-sexualisée de la femme. Vêtues de maillots de bain noir ultra sexy, elles jouent de leur cambrure à outrance et multiplient les poses suggestives. Même attitude et mêmes résultats du côté de Beyoncé dans la vidéo musicale de Yoncé (voir les vidéos ci-dessous).
Alors, les stars féminines de la chanson seraient-elles toutes soudainement devenues machistes ? Ou cherchent-elles au contraire (très maladroitement) à véhiculer une image de la femme libérée ? Quelle que soit la réponse, et bien que le phénomène concerne aujourd'hui majoritairement des stars américaines, le CSA s'est emparé de la question. « La surenchère à laquelle se livrent certains artistes s'apparente souvent à une forme de banalisation, voire de valorisation, de la pornographie, au regard notamment de la mise en scène de femmes dans des codes de soumission », s'est ainsi inquiété le gendarme de l'audiovisuel dans le bilan 2013 du groupe de travail sur les droits des femmes. Reste à savoir comment les sages parviendront à lutter contre cette tendance de l'industrie musicale à réduire à l'état d'objet le corps de la femme, sans être accusé d'entraver la création artistique.
Beyoncé - Yoncé (Official Video) NEW 2013
Shakira - Can't Remember to Forget You ft. Rihanna