Alors qu'il s'apprête, en compagnie du mécène Pierre Bergé et le fondateur de Free Xavier Niel à finaliser l'achat du Nouvel Observateur le mois prochain, l'homme d'affaires Matthieu Pigasse a fait savoir ce jeudi matin que le trio « BNP » était « intéressé » par le sort du quotidien Libération.
Interrogé sur la matinale de France Inter, Matthieu Pigasse a déclaré que le trio d'actionnaires suivait « avec attention » la situation de Libération, en proie à de graves difficultés financières. Fin février, la direction du journal estimait que l'investissement nécessaire pour faire repartir le journal au bord de la faillite était de 12 millions d'euros.
Mais si le sort de Libération préoccupe les trois actionnaires du Monde, ces derniers n'ont pas, pour le moment, prévu de faire une offre de rachat. « Libé a des actionnaires qui ont un projet, nous n'avons pas été sollicités », a indiqué Matthieu Pigasse. « Si accident il y a, ce qui peut vouloir dire un dépôt de bilan, à ce moment-là nous aviserons et nous verrons », a-t-il poursuivi. « On ne peut pas aimer la presse et rester indifférent au sort de Libération. »
Propriétaire depuis 2009 de l'hebdo culturel Les Inrockuptibles, Matthieu Pigasse avait, en juin 2010 et malgré l'opposition de Nicolas Sarkozy, pris le contrôle du quotidien Le Monde aux côtés de Pierre Bergé et de Xavier Niel. En avril 2014, le trio d'actionnaires rachètera à 65% Le Nouvel Observateur, ainsi que le site Rue89.
S'il réfute vouloir constituer un groupe de presse « de gauche », Matthieu Pigasse a concédé qu'il y avait « une cohérence avec ce journal [Libération, ndl] ou d'autres et le groupe que nous sommes en train de constituer, et qu'il existerait des complémentarités entre les différents supports, entre matin et soir, entre papier et Internet, entre numérique et mobile. Mais ce n'est pas une situation sur laquelle nous sommes actifs. Nous sommes en train de boucler l'acquisition du Nouvel Obs, c'est notre priorité ». Avant de conclure : « L'objectif n'est pas de gagner de l'argent, mais pas non plus d'en perdre, ce n'est pas un mécénat. C'est un engagement militant au service du pluralisme et de la liberté d'expression. »