Culture
Nawell Madani : parcours inspirant d'une danseuse devenue humoriste
Publié le 25 mars 2014 à 18:30
Par Marie-Laure Makouke
Dans « C'est moi la plus belge », le one-woman show qu'elle joue au Palais des Glaces jusqu'au 26 avril, Nawell Madani retrace une partie de son parcours avec une sacrée dose de dérision. De son enfance dans sa Belgique natale à son arrivée à Paris pour vivre son rêve de devenir danseuse professionnelle, de sa reconversion dans la comédie à son passage express au Jamel Comedy Club, sans oublier ses déboires sentimentaux, tout y passe. En plus d'une heure de spectacle, la jeune femme parvient à faire rire son public aux éclats mais aussi à l'émouvoir et à l'impressionner grâce à des chorégraphies millimétrées. Un véritable carton. Rencontre avec une humoriste qui n'a pas fini de faire parler d'elle…
Nawell Madani : parcours inspirant d'une danseuse devenue humoriste Nawell Madani : parcours inspirant d'une danseuse devenue humoriste© DR
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Son rêve de petite fille : la comédie

« Beaucoup de gens pensent que j'ai fait des études de marketing avant de devenir danseuse puis comédienne. Mais c'est tout le contraire », recadre d'emblée Nawell Madani. Dans sa loge du Palais des Glaces, moins de deux heures avant le début de son spectacle, elle explique avoir toujours voulu faire de la scène sans avoir jamais pu s'identifier, enfant, aux comédiennes qu'elle voyait à la télévision. « Rares sont celles qui me ressemblaient », confie-t-elle, ajoutant que son rêve lui paraissait inaccessible. En Belgique où elle grandit dans un quartier dans laquelle vit une importante communauté africaine, l'humoriste apprend alors à danser et nourrit peu à peu l'ambition de devenir danseuse professionnelle. Un choix inconcevable pour son père qui l'oblige à faire des études. « Je me suis dit que la filière qui, quoi qu'il arrive, me serait le plus utile plus tard était le marketing. Cette discipline apprend à vendre un produit et à se vendre soi-même, dès lors que l'on se considère comme tel. » Son diplôme en poche, la jeune femme quitte la Belgique à 22 ans et s'installe à Paris où elle devient danseuse professionnelle, avant de finalement pousser la porte d'une école de comédie.

Sa force : son esprit d'entreprendre

Une fois à Paris, c'est sa fibre entrepreneuriale qui se réveille. Plutôt que d'attendre que les propositions de contrats viennent à elles, Nawell Madani crée son agence de casting pour se faire un nom plus rapidement. « Quand j'étais danseuse, vivre avec le statut d'intermittent était difficile : les cachets ne tombaient pas tous les jours. Symphony Agency m'a permis de créer mon propre emploi. J'avais des équipes de pom-pom girls qui animaient les mi-temps des matchs de basketball, des marques me sollicitaient lorsqu'elles avaient besoin de danseuses pour un défilé ou pour faire la promotion d'un produit. Pendant un certain temps, j'ai donc démarché mes clients pour pouvoir vivre de mon art. » Devenue comédienne, elle retente l'expérience de la création d'entreprise. Elle monte NMVK, une société de production par le bais de laquelle elle fournit à des chaînes comme MTV ou Télé Sud des programmes courts et des interviews d'artistes américains réalisés par ses soins. 

Son modèle : la culture américaine

Depuis le début de sa carrière, l'humoriste a en effet pris l'habitude tout gérer, de A à Z. Une organisation héritée de quelques mois passés aux États-Unis. « Là-bas, les postulantes à des castings ne laissent rien au hasard : leur coiffure, leur tenue vestimentaire, leur façon de se présenter, tout est calculé », raconte-t-elle. Et d'ajouter : « Quand je suis arrivée en France, j'ai copié cette culture. Mes études de marketing m'ont aidé à me considérer comme un produit. Pour être compétitive, j'ai cherché à aller où personne n'était jamais allé. J'ai réfléchi à mon positionnement, à la segmentation, au meilleur moyen de me différencier et de proposer un spectacle accrocheur et différent. »

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Sa source d'inspiration : le quotidien

Et à l'instar de ses pairs, c'est dans le quotidien que Nawell Madani trouve la matière première de son one-woman show. « Je m'inspire de ce que j'observe. Il peut s'agir d'une interview, d'une situation banale qui va déclencher quelque chose en moi. Je fais de l'humour d'observation et c'est la raison pour laquelle les gens se reconnaissent. J'analyse mes amis et je m'autoanalyse », détaille la trentenaire qui dit passer beaucoup de temps sur Internet pour suivre l'actualité et alimenter ses sketchs. À titre d'exemple, elle revient sur la mésaventure de la chanteuse Beyoncé qui, l'été dernier, s'était coincée les cheveux dans un ventilateur en plein concert. Professionnelle jusqu'au bout des ongles, la star avait continué à chanter comme si de rien n'était. « Et si ça m'était arrivé à moi, comment aurais-je réagi ? », interroge Nawell Madani, riant et mimant un affolement exagéré. « Quand tu écris un spectacle et que tu mets une vanne sur l'actualité ça plaît au public. » 

Le cadet de ses soucis : son physique

Actualité ou pas, Nawell Madani plaît. Pour preuve, elle fait salle comble chaque soir. Et n'allez pas lui dire que son physique avantageux y est pour quelque chose : elle le crie haut et fort, elle n'a pas peur de s'enlaidir. « Je séduis autrement. Quand je joue un personnage, que le fait de m'enlaidir sert la performance théâtrale au point de bluffer les spectateurs, c'est une forme de séduction et une grande satisfaction pour moi. Tu t'enlaidis pour la bonne cause quelque part. » 

Son objectif : la reconnaissance du public

D'une manière générale, la jeune femme rejette tous les compliments sur son apparence. Et pour cause, elle ne lui a pas toujours facilité la tâche. « Aujourd'hui, j'ai envie qu'on me dise que je suis drôle », insiste-t-elle. « J'ai envie qu'on me dise que je suis émouvante. C'est ce que je suis venue vendre en premier. On peut toutes être belles avec de l'argent. Mais l'humour ça ne s'achète pas », tranche-t-elle.

Son avis sur « C'est moi la plus belge » : c'est le spectacle de l'année

Nawell Madani sera sur la scène du Palais des Glaces à Paris (Xe) jusqu'au 26 avril avant d'entamer une tournée nationale. Fort de son succès, « C'est moi la plus belge » a déjà fait l'objet de plusieurs prolongations dans la capitale, pour le plus grand bonheur de l'humoriste un brin perfectionniste. « C'est un one-woman show qui bouge tous les soirs. Il est en constant mouvement non seulement parce que je ne suis jamais satisfaite, mais aussi parce qu'il y a beaucoup d'interactions avec le public. Il y a donc une grande part d'improvisation. Mais le plus important c'est que c'est assurément le spectacle de l'année », finit-elle dans un sourire. On vous laisse juger…

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